C’est la première fois que je lisais un livre de Rebecca F. Kuang. Verdict : j’ai adoré. Livre lu quasiment d’une traite.
Pour moi, ce roman présente de nombreuses qualités.
D’abord, l’intrigue donne envie : l’héroïne, Juniper, est une jeune écrivaine blanche qui peine à se faire une place dans le monde littéraire. Elle n’a qu’une seule amie, Athena, une sino-américaine, écrivaine elle aussi dont les romans sont un véritable succès. Mais Athena décède brutalement en présence de Juniper, et cette dernière lui vole le manuscrit de son prochain livre. Cette fois c’est le succès littéraire assuré.
Tout au long de l’histoire on suit le point de vue de l’héroïne. Elle se positionne toujours en victime, jalouse secrètement son amie qui elle « a tout » et refuse de se remettre en question. Juniper va s’enfoncer dans un profond déni.
Il y a un côté presque addictif dans ce roman car on a envie de savoir comment elle va s’en sortir, mais aussi de comprendre qui elle est. Est-elle capable d’écrire ses propres histoires ? Avait-elle vraiment besoin de voler pour connaître le succès ? Réponse : faites-vous votre propre avis.
Aussi, c’est drôle : les personnages sont très bien décrits, à la fois dans leurs personnalités mais aussi dans leurs attitudes. C’est un véritable plaisir à lire, la narration est fluide, on peine à décoller les yeux.
Mais l’ouvrage aborde des thèmes plus profonds comme l’appropriation culturelle, le racisme, le Bad Buzz, le harcèlement sur le net, le viol ou encore les pensées suicidaires. L’héroïne, Juniper, est à la fois attendrissante et antipathique, on oscille toujours entre compréhension et révolte. On est mal à l’aise à mesure que l’on suit le personnage qui essaye toujours plus de se convaincre que ce livre est le sien, que sans elle il n’aurait jamais pu être publié. Évidemment c’est faux.
Enfin, c’est un roman qui vous plonge au cœur de l’industrie littéraire. On découvre tous les travers d’une industrie qui est toute puissante mais très privée. On se rend compte du racisme ambiant, les difficultés des auteurs à être publié(e)s et reconnu(e)s. Il y a toute une analyse sur les pressions que peuvent exercer les maisons d’éditions sur les auteurs racisé(e)s généralement emprisonné(e)s dans des cases stéréotypées.
En fait, je ne dirais pas que c’est un thriller mais plus un roman satirique d’une grande intelligence. Ce n’est pas un roman moralisateur, bien au contraire. Yellowface nous montre toute la complexité de l’être humain.