Cette série datant de 2015 n'a visiblement pas emballé les spectateurs à tel point que la production a été interrompue à l'issue de la première saison au beau milieu d'un suspense certes un peu poussif mais tout de même consciencieusement construit. Pour connaître la fin, les amateurs pourront (re)lire l'Acte des Apôtres, cette prolongation de l'évangile de Luc, cinquième livre du Nouveau Testament, qui décrit les débuts de l'Église du Christ à la suite de la Passion de ce dernier et dont la série s'applique à donner une représentation à sa manière. En revenant au texte, ils retrouveront la lettre des Saintes Écritures que la réalisation s'efforce de suivre. Ils perdront cependant la mise en spectacle hollywoodienne qui fait tout le charme de ce péplum.
Les douze épisodes de cette série ne pourraient être qu'un sage et pieux exercice d'éducation religieuse chrétienne exposant un passage du Nouveau Testament. Toutefois, tous les indices concourent à placer la vision développée ici sous l'angle du protestantisme évangélique : le rôle central de la crucifixion, l'importance des miracles et du témoignage qui poussent les croyants au prosélytisme à leurs risques et périls et enfin l'idée de la conversion personnelle qui se manifeste dans le baptême par immersion (on baptise à tour de bras dans cette série).
Tout ceci ne serait pas palpitant si le scénario ne s'éloignait pas un peu de la Bible pour faire le job, à savoir du spectacle. D'abord en introduisant un rythme de " thriller " : les aimables disciples de Jésus vont-ils échapper aux tenants de l'ordre établi et à leurs bras armés?. Ensuite, en distillant quelques scènes violentes à la limite du gore : la crucifixion est d'un réalisme poussé et ne nous épargne pas les clous enfoncés dans les mains de Jésus, le suicide par l'épée d'un conseiller de l'empereur Tibère est assez insupportable et la strangulation d'une pauvre chrétienne par un centurion met franchement mal à l'aise le spectateur moyen qui préfèrerait un traitement moins direct de la cruauté romaine. Du bon vieux péplum, la réalisation reprend également quelques grands plans de maquette du temple de Jérusalem - évidemment surdimensionné - sans pour autant faire de notables efforts dans les décors car beaucoup de scènes sont jouées dans des extérieurs sans grâce et des intérieurs pauvres. Le code implicite du péplum biblique évangélique semble proscrire les références sexuelles, les femmes se tenant à leur place, influençant avec plus ou moins de succès les décisions de leurs maris.
Il y a donc du spectacle, mais celui-ci demeure des plus conventionnels. Quant aux interprétations politiques et religieuses, il y a matière à une discussion qui dépasserait le cadre de la critique d'un regardeur de séries.
P.S.: Très en-dessous de Messiah auquel je n'avais accordé qu'un point de plus :
https://www.senscritique.com/serie/Messiah/critique/211244401
Un exemple parmi d'autres des limites de la notation...