Adolescentes japonaises et expédition polaire, petits pingouins et jolies jouvencelles, c’est-y pas mimi tout ça ? Derrière ce mariage inédit, pour ne pas dire aberrant, se cache un anime réussi d’aventure, d’amitié et de grosses doses lacrymales.
Outre le sujet original du pôle Sud, Sora Yori mo Tooi Basho (Sorayori) est dans le fond une série simple qui raconte l’histoire de lycéennes isolées, unissant leur force dans un projet commun au cours duquel les embûches s’empilent et les liens se tissent. Plus inhabituel est l’approche relativement sérieuse qui délaisse l’aspect « cute girls doing cute things » pour s’efforcer de nous proposer une trame sérieuse, structurée sur-mesure et bien réalisée dans son cheminement comme dans sa production.
Sorayori est avant tout le récit d’une péripétie remplie de multiples drames humains. J’aimerais pouvoir vous dire que lors de leur périple au bout de la Terre, tous les personnages, aux belles âmes fragiles, évoluent tout en poésie sur le chemin de la vie mais Sorayori se complait bien mieux dans le tourbillon des sentiments que dans le recueillement : il l’aime son drama, il nous en fait bouffer jusqu’à en vomir. On se noierait bien dans cette crasse, faite d’empathie indigeste et de surenchère larmoyante qui entachent plus d’une fois les moments plus allègres. Cela ne concernerait que Shirase, membre dont la connexion tragique avec l’Antarctique justifie des moments plus douloureux, que j’aurais applaudi mais voir des problèmes adolescents, âge troublé certes, taclés quasiment chaque épisode avec la même lourdeur s’avère fatiguant dans sa récurrence (Megu-chan est un bon exemple). Je dois me faire vieux sans doute.
Heureusement, cet anime ne se résume pas juste en un récit de cris et de larmes, notamment grâce à l’expédition au pôle Sud qui offre une distraction aussi bienvenue qu’intrigante. La thématique fait surtout office de fil rouge mais cela n’empêche pas la série de nous présenter des détails et autres bribes d’informations intéressantes ci et là. De plus, même si la présence de nos héroïnes est assez invraisemblable, l’expérience a suffisamment d’authenticité pour donner l’impression d’une histoire « incroyable mais vraie » plutôt que purement loufoque.
Mes reproches à l’égard de Sorayori sont à relativiser, par exemple j’ai trouvé toutes les protagonistes sympathiques, mais il est clair que je ne ferai pas partie du public encensant la série comme une oeuvre émotionnelle et bouleversante tant son drama m’a par moments exaspéré. Cela ne m’empêche pas de considérer l’anime comme une réussite, fidèle dans sa vision et efficace dans son exécution malgré sa main lourde. Je conseillerai donc de tester tout en restant méfiant des louanges outrancières.