A quoi sommes-nous légitimement en droit de nous attendre en regardant une adaptation par Sunrise, le studio à qui on doit Cowboy Bebop, Code Geass et Gundam, d'un LN qui a apparemment très bien marché au Japon ? A cette question, je réponds : ça dépend de la qualité de l'oeuvre originale, mais a priori, à quelque chose de beau et de bien animé. Pour le reste, on attend pas grand chose, mais au moins un bon divertissement. Quand même.
Au final, qu'est-ce qu'on a ? Un fabuleux pétard mouillé. Je vous préviens, ça va spoiler sec.
Premier écueil, que je vais développer plus ou moins rapidement, comme ça, on est casé : les personnages. TOUT le casting, absolument TOUT le casting est raté.
Pourtant, il y avait du potentiel, et c'est pas faute d'avoir essayé : faire de Haruyuki, le personnage principal, un petit gros pleurnichard, c'était un pari risqué, mais un pari intéressant.
Malheureusement pour lui et pour nous, il reste un petit gros pleurnichard pendant presque toute la série, n'évolue que très peu vers la fin, et tout ça pour devenir au final ce qu'on attend qu'il devienne beaucoup plus tôt dans l'histoire.
Pour le reste, les personnages sont classiques (l'ami d'enfance idiot, la fille populaire supérieurement intelligente mais froide, la loli à couette toute mignonne qui se révèle hyper agressive, etc). A la limite, qu'on me serve du classique, ça ne me dérange pas quand je regarde un divertissement comme Accel World.
Le problème, c'est que d'une, ils ne sont pas crédibles 5 minutes dans leur rôle, et de deux, ils réussissent à gâcher ce qui, au départ, sont de bonnes idées de chara-design.
La palme revient quand même à Seiji, le méchant de la deuxième partie. Au fur et à mesure qu'il se dévoile, on devine un complexe d'infériorité, qui rendrait presque le personnage attachant (s'il n'était pas aussi insupportable et stupide), et qui gagnerait à être développé plus longuement au lieu qu'on nous le déballe en 5 minutes un peu avant la fin, comme pour nous expliquer (voire justifier) toutes ses mauvaises actions.
C'est dommage, parce que du coup, la mayonnaise ne prend pas alors qu'elle aurait pu.
En fait, cet anime aurait été bien meilleur s'il avait pris le temps de plus montrer et/ou développer des facettes intéressantes de certains persos au lieu de nous assommer en nous montrant sans arrêt Haruyuki.
Comme son développement est long, l'affection qu'on peut avoir pour lui au début se transforme très vite en une espèce de lassitude, qui vous fait détester un personnage qui ne semble jamais évoluer alors qu'il occupe 80% du temps d'antenne.
Voilà pour les personnages. Second écueil, qui fait écho au premier, le manque d'exploitation de bonnes idées scénaristiques (cet anime me fait fortement penser à SAO de ce point de vue, ce qui je pense à quelque chose à voir avec le fait que les deux productions sont du même auteur), et par "bonnes idées scénaristiques", j'entends principalement ce qui est quand même le postulat de base de l'univers de cet anime, à savoir le Brain Burst, le jeu auxquels tous les protagonistes jouent.
Créer un jeu qui vous récompense avec des points permettant d'arrêter le temps dans la réalité, d' "accélérer" pour reprendre le vocabulaire spécifique, c'est bien. C'est très bien même, ça permet de faire le lien entre le monde réel et le jeu, ça ouvre des possibilités dingues en terme de scénario. Alors, pourquoi ne pas l'avoir plus exploité ?
Si je me souviens bien, les personnages n'accélèrent véritablement que 4 ou 5 fois, le reste du temps, il est vaguement fait mention de Seiji ou de Taku accélérant pour gagner au kendo.
C'est vraiment dommage, parce que, je le redis, cette idée était, à mes yeux, excellente.
Troisième et dernier écueil, qui résulte du deuxième : le manque cruel d'enjeu. Faire du Brain Burst un jeu qu'on ne peut installer qu'une seule fois, faire en sorte qu'il se désinstalle si notre nombre de points atteint zéro, faire en sorte que tout utilisateur dont le jeu aurait été désinstallé en perde tout souvenir, ok. Mais si les personnages n'accélèrent que très rarement, on ne comprend jamais vraiment ce besoin qu'ils ont tous de jouer à ce jeu et de le gagner. Un espèce d'enjeu fantôme en fait, un peu comme dans SAO où les persos sont censés mourir dans la vraie vie s'ils meurent dans le jeu. L'anime se prend beaucoup trop au sérieux, alors qu'on ne le lui demande pas et qu'en plus, c'est raté. Et ça change complètement la nature de ce qu'on regarde.
Vous vous attendiez à un shonen sympatoche, vous vous retrouvez avec un school life insipide, dont les personnages essayent d'accomplir avec gravité quelque chose qu'on ne saisit jamais vraiment, dont l'univers est sous-exploité et où il y a tellement peu d'enjeu dans la pseudo-guerre qui y fait rage qu'à un moment, on finit par se demander : "Mais quel intérêt y a-t-il, pour les personnages, à jouer à Accel World ?". Une question en amenant une autre, on se demande ensuite : "Mais pourquoi est-ce que je regarde Accel World, moi ?"
Deux réponses possibles. Si vous n'avez pas de temps à perdre, vous pouvez passer votre chemin : ce n'est, finalement, qu'une autre adaptation foirée de LN comme on en a trop vu.
Si, au contraire, vous en avez, vous êtes en train de regarder le parfait exemple d'un anime qui est simplement mauvais parce que l'adaptation est molle. Une partie de la critique que je fais d'Accel World l'anime pourrait, je pense, aussi être adressée au support d'origine. Mais là, le format accentue encore plus la trop grande présence d'Haruyuki, fait traîner l'histoire en longueur et rend le tout encore plus décevant au regard de la performance purement technique, tout à fait honorable et même bonne, que Sunrise s'est employé à déployer.
Pour résumer, avec cet anime, on ne s'attendait à rien de spécial, on nous donne quelque chose d'engageant dans les premiers épisodes, et puis finalement on nous livre une bouse. Et ces anime-là sont finalement les pires.