L’intrigue d’After War Gundam X est parfois considérée comme une proposition alternative à ce qu’aurait pu être l’Universal Century. Des thèmes semblables sont abordés : guerre entre une fédération terrestre et des habitants de l’espace, centralité des « Newtypes » dans ce conflit, interrogation sur la possibilité de créer un nouveau futur. Mais ce que le premier épisode nous donne à voir, c’est une Terre post-apocalyptique où chaque village, voire chaque individu, en est réduit à lutter pour sa survie dans un monde sans foi ni loi. C’est peut-être ce qu’aurait été l’Universal Century si la Terre avait été presque totalement décimée par la guerre. Mais sans doute vaut-il d’ailleurs mieux abandonner toute volonté de comparaison avec l’UC pour apprécier cette série.
Rarement aura-t-on vu, sauf peut-être dans Turn A, une intrigue aussi bien ficelée. Cela relevait d’ailleurs d’une gageure, car les producteurs de la série ayant fini par décider son annulation, elle s’est vu amputer de 11 épisodes sur les 50 qu’elle devait contenir. Mais vous ne le remarqueriez sans doute pas en la visionnant si on ne vous le précisait pas. Tout ce que la série introduit en termes d’intrigue finit par être résolu. Tous les personnages voient le développement amené au fil des épisodes être porté à son terme. Si le rythme du dernier quart de la série est rapide, il n’est ni hâtif ni précipité. La conclusion est pleinement satisfaisante, bien plus que celle de la plupart des séries Gundam.
Contenant un petit nombre de protagonistes, Gundam X peut pleinement se consacrer à chacun d’eux, développer leurs caractéristiques, les approfondir et les faire évoluer au fil de ses 39 épisodes. Tous les membres de l’équipage du « Freeden » ne sont certes pas dotés d’une profondeur insondable. Certains personnages ont des comportements légèrement prévisibles, et leur évolution l’est parfois elle-même. C’est moins le cas des trois protagonistes, toujours éminemment intéressants, subtils, attachants, et dont la transformation au fil des épisodes est remarquablement bien amenée.
Les antagonistes sont moins réussis. Les adversaires du Freeden varient au fil de la série, la plupart, notamment dans la première moitié de la série, ne donnant pas l’impression d’être une menace très sérieuse. Les frères Frost, seuls antagonistes à être présents dès les premiers épisodes, apparaissent si souvent (en compagnie de leurs méchas franchement hideux) que cela en devient pénible, d’autant plus qu’ils ne parviennent à aucun résultat concret lors de la plupart de leurs apparitions, et que cela ne les empêche pas de marmonner sans cesse sur un ton mystérieux quelque chose de relatif à leur fameux plan secret. Mais ils gagnent en crédibilité dans le dernier tiers de la série, lorsque le plan en question commence à être mis en œuvre.
Le plus grand défaut de la série réside sans doute dans ses graphismes et son animation, qui sont simplement convenables. Les combats peuvent être relativement répétitifs, notamment contre les simples soldats ennemis. Le design d’un certain nombre de Mobile Suits peut sembler quelque peu paresseux, notamment en ce qui concerne les MS de ces soldats, dont certains sont franchement hideux. A l’exception de celle des deux génériques d’ouverture, la musique n’est pas particulièrement inoubliable, et il arrive même quelquefois qu’elle semble très légèrement mal insérée aux scènes qu’elle doit accompagner (surtout dans les premiers épisodes).
Un dernier mot sur l’omniprésence de la référence aux Newtypes dans la série. Gundam X semble à la fois s’appuyer rigoureusement sur ce que l’on sait d’eux dans l’Universal Century, et pousser la lecture de concept à un niveau qui ne semble pas atteint dans l’UC. Ce qui y est dit et montré des Newtypes est cohérent, bien amené, crédible. Aucune autre série Gundam ne fera probablement autant que celle-ci s’interroger le spectateur sur la nature de ces individus parfois présentés comme l’avenir de l’humanité.