Alors que son propre manga papier n'est pas encore achevé (et le restera d'ailleurs, comme le montre sa fin ouverte), le mangaka Leiji Matsumoto participera à sa transposition à la télévision japonaise à partir de 1978. Inutile de préciser que sa diffusion en France en 1980 marquera l'avènement des animés japonais dans notre pays, dont le succès donnera malheureusement naissance à une polémique sur ses soit-disant effets néfastes sur la jeunesse. Les trois derniers épisodes de la série resteront d'ailleurs longtemps invisibles.
Confiée à Rintaro, la mise en scène de "Albator 78" compense merveilleusement les limites flagrante d'une animation rigide et qui a forcément prit un sacré coup de vieux. Elle instaure une ambiance pesante, paranoïaque et désespérément mélancolique, bien loin de toute légèreté, où l'humour n'a qu'une place très limitée.
Fidèle au manga originel de Matsumoto, la série profite de ses quarante-deux épisodes pour approfondir un univers déjà fascinant, pour offrir une véritable épaisseur à des seconds couteaux qui en manquait légèrement dans la version papier, tout en renforçant l'aspect mystérieux émanant du personnage d'Albator. Ainsi, certains protagonistes héritent d'un passé douloureux, trouble, voir même carrément bouleversant.
Le revers de la médaille, c'est que, de par sa durée décuplée, "Albator 78" s'étire inutilement en longueur, s'égare par moments dans des sous-intrigues ralentissant l'action, avant de revenir in extremis dans le droit chemin, épopée spatiale palpitante et souvent pessimiste, doublée d'un regard critique envers la société des hommes et les incapables qui la dirige, le tout illustré par les superbes mélodies de Seiji Yokoyama, malheureusement dénaturées dans la version française.