American Gods était une de mes envies de longue date : pas mal de personnes avaient mis une grosse note avant la sortie (bande de flans), ce qui m'avait bien sûr intrigué. Après, on ne peut qu'être intrigué par le sujet dont traite cette série, car croyant ou non, les divinités fascinent. Enfin, si vous avez aimé Hannibal et sa qualité esthétique, le nom de Bryan Fuller ne vous est pas inconnu. Je précise que j'ai découvert la série sans avoir connaissance du livre, just saying.
Shadow Moon est sur le point de sortir de prison : plus que quelques petits jours, et il retrouvera sa femme, Laura. Et voilà qu'arrivent une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est qu'il sort quelques jours plus tôt pour retrouver sa femme. La mauvaise, c'est qu'il va assister à son enterrement. BAM, tout en finesse. Alors qu'il tente de se rendre à son rendez-vous posthume (oui, la vie est dure pour les ex-taulards chez Donald), il va faire la rencontre - un mercredi - de Mr Wednesday, qui souhaite l'emmener avec lui pour une "mission". Il se trouve (merci le résumé) que ce Mr Wednesday n'est autre que le dieu Odin. Ouais, rien que ça. D'ailleurs, si vous avez une légère connaissance de la mythologie nordique, vous vous amuserez à reconnaître quelques allusions comme le corbeau ou le fait qu'il soit borgne. Chemin faisant, notre ancien détenu devenu garde du corps découvrira le monde sous un nouveau jour : les lois qui régissent notre univers sont bien différentes de ce que l'on pourrait penser. Nos ancêtres avaient raison, ce sont bien les Dieux qui gouvernent notre monde, et une guerre est sur le point d'avoir lieu.
American Gods souffre d'un synopsis touffu, qui a la particularité malheureuse de se mettre en place minutieusement. C'est à double tranchant : on peut se lasser ou au contraire s'en délecter. En effet, l'introduction est lente, focalisée sur les détails. Pour être franc, je me suis retrouvé semblable au protagoniste Ombre Lune (Dieu que ça sonne mal dans la langue de Molière) : on est perdu, entouré par l'inconnu, et partagé entre une appréhension naturelle et une curiosité maladive. Toute cette atmosphère mystique et mystérieuse finit par s'éclaircir, et l'intrigue se démêle (tard dans mon cas). Pour ceux qui voudraient un brin d'explication :
Mr Wednesday / Odin / Glad-o'-war / ... est connu de tous, mais les gens ne prient plus pour lui. C'est un Dieu ancien, oublié des Hommes. Aujourd'hui, les Hommes vouent leurs prières à la technologie (Technical Boy) ou aux armes (Vulcain) et ont oublié les Dieux comme notre cher Grimnir. C'est pour cela qu'il cherche à réunir une armée de ces anciennes divinités peu à peu oubliées pour une guerre face aux déifications d'aujourd'hui. Et ils vont se battre pour ce dont ils ont le plus besoin : que les gens croient plus en l'un qu'en l'autre, car c'est là la source de leur pouvoir. c'est donc là tout l'enjeu de cette guerre.
Ce qui va littéralement frapper le spectateur dans la série, ce sont ces plans qui, non sans rappeler Hannibal, vous font passer par tous les états. Certains vous bouleversent et vous étouffent, d'autres vous sont désagréables. Tandis qu'une partie fera dans le détail, une multitude d'autre ouvrira sur des décors vastes et psychédéliques. Sans que l'on soit forcément un grand fan d'esthétisme, on ne peut pas rester indifférent.
Enfin, parlons des acteurs. Ian McShane incarne très justement un Mr Wednesday nonchalant qui sait malgré tout où il va. Il est désagréable et sûr de lui, il mène son monde à la baguette, et il le fait bien. Son monologue dans l'épisode 8 m'a donné des frissons. Ricky Whittle (Lincoln dans The 100) joue bien le rôle du type qui n'a rien à faire ici, qui subit de long en large, même si le personnage semble parfois trop balourd... Dans l'ensemble, tous les acteurs font dans l'exagération, et c'est normal. Emily Browning est toute mignonne et méga badass en Laura Moon, un cocktail explosif. Enfin, j'ai eu un gros coup de cœur pour Pablo Schreiber dans son rôle de Mad Sweeney : son accent, sa dégaine, son background m'ont plus que séduit. Il apporte à la fois un brin de comique et une accentuation dramatique dans ses apparitions.
Ne connaissant pas l'oeuvre originale, j'ai été agréablement surpris par American Gods, malgré les nombreuses incompréhensions. Cependant, toutes ces divagations m'ont intrigué, et la série nourrissant votre curiosité, vous êtes entraînés vers les épisodes suivants avec envie. Comme dit précédemment, c'est une série où se mêlent mystique, mythologie, mindfuck et contemplation, pour le plus grand plaisir des sens. Une belle claque esthétique que je recommande aux amateurs de spectacle, de mythologie et de leprechauns.
"Gods are real if you believe in them"