Saison 1 (6/10) :
Il faut quand même l'écrire : « American Gods », c'est une sacrée série. Elle ne ressemble à aucune autre, a une personnalité folle, faisant preuve d'un sens visuel et d'une audace assez dingue, complètement à contre-courant dans sa narration, ce qui la rend constamment imprévisible. Malheureusement, si vous avez lu ma note, vous imaginez bien que j'ai quelques (grosses) réserves sur celle-ci, et vous avez raison. C'est que cela reste un univers très, très étrange, où l'on ne comprend pas beaucoup de choses et doté d'un rythme particulier, ce qui ne veut pas dire ennuyeux. De plus, si les épisodes ont incontestablement de la gueule individuellement (bon, certains plus faibles, quand même, notamment le sixième), pour former un tout, c'est plus compliqué. Il n'y a pas vraiment de cohérence dans la suivi, ou plutôt si, mais tellement peu linéaire que ça en devient franchement déconcertant.
Là encore, je ne dis pas : on peut trouver ça génial de mettre autant à mal les schémas habituels de la télévision, mais pour s'imprégner de l'histoire et des personnages, ça n'est vraiment pas évident. Idem pour les personnages : atypiques, à l'image d'un héros souvent passif face aux événements, ils sont à la fois charismatiques sans être vraiment attachants, à l'exception, peut-être, de Laura Moon, interprétée par une Emily Browning affolante de sensualité, confirmant les grands espoirs placés en elle dès son plus jeune âge. Maintenant, même si je n'ai (vraiment) pas adhéré à tout dans cet étrange affrontement entre Dieux modernes et contemporains (oui, ça parle de ça, à la base!!), c'est Bryan Fuller qui est à la création et çà se sent : visuellement, c'est une grosse claque, bourrée d'idées incroyables à tout point de vue : décors, effets spéciaux, univers parallèles... Assez impressionnant.
Surtout, la série peut se targuer de quelques beaux seconds rôles, et si certains n'apparaissent que brièvement, d'autres explosent la concurrence : je pense notamment à Ian McShane, mais surtout, surtout à Gillian Anderson. Elle n'apparaît que dans
trois épisodes, mais à chaque fois, c'est un bonheur. Ses transformations hallucinantes (Lucille Ball, David Bowie, Marilyn Monroe...),
son charisme de feu, sa beauté irréelle... Elle est absolument fascinante, rendant chacune de ses apparitions inoubliables : ne cherchez plus les meilleurs moments de l'œuvre, ils sont ici. Enfin, s'il avait fallu que je me décide de mon ressenti sur cette première saison au dernier épisode, il serait positif. Quelques éclaircissements dans le scénario, de l'intensité, un final puissant...
Et surtout, une longue séquence aux côtés
d'Éostre, divinité qui serait à l' « origine » de la fête de Pâques aujourd'hui oubliée de tous, interprété par la toujours irrésistible Kristin Chenoweth.
Un moment fascinant et un peu dingue, à l'image de la série, mais cette fois dans le bon sens du terme. Avec à la clé un propos assez classique mais toujours intéressant :
rien ne disparaît tant qu'il y a encore quelqu'un pour y croire.
Reste maintenant à faire le point sur la suite : Bryan Fuller et Michael Green ont quitté le navire pour cause de moyens qu'ils considèrent trop peu élevés, la belle Gillian leur ayant emboîté le pas, visiblement par solidarité. Ça ne met pas dans les meilleures conditions. Maintenant, cette série a tellement su nous surprendre (pas toujours en bien) depuis le début que, qui sait, saura t-elle le faire à nouveau durant la seconde saison avec, sait-on jamais, un vrai éclairage sur ce monde pour le moins à part. Rappelez-vous : il suffit d'y croire.