J'avoue qu'au début, malgré la force du sujet, j'étais dubitatif. Je n'aimais pas trop la réalisation de Laëtitia Masson, très rigide, raide, certes évitant tout artifice sentimental, mais donnant un aspect très « poseur » à l'œuvre ne me paraissant pas en adéquation avec le récit. Du coup, j'ai eu du mal à entrer dedans, malgré des personnages assez complexes et tourmentés, donnant un minimum d'intensité et d'intérêt à un premier épisode mitigé, mais ayant l'intelligence d'évoluer de façon à nous donner envie de voir la suite. D'autant que l'on n'est pas trompé sur la marchandise, notre intérêt allant plutôt croissant. Sans être proprement surprenant, ce parcours mêlant différents destins brisés autour d'un drame ayant eu lieu vingt ans plus tôt où chacun essaie de trouver un sens à quelque chose qui n'en a pas est parfois poignant, souvent subtil, l'écriture discrète mais réelle faisant également son œuvre.
Beaucoup de (belles) lumières, de décors, et une vraie qualité souvent perdue aujourd'hui : l'importance des seconds rôles, tous très réussis, d'Hélène Fillières à Maurice Greene en passant par Aurore Clément, André Wilms et Philippe Rebbot : tous apportent un vrai plus et permettent à plusieurs reprises d'éclairer la personnalité des deux héroïnes, excellemment interprétés par les très belles Élodie Bouchez et Lolita Chammah, comédienne au potentiel décidément exceptionnel. Quand au dénouement, relativement attendu, il n'en garde pas moins une intensité le rendant très juste, voire assez touchant. Après, il y a quelques longueurs, cela manque parfois de densité dans le propos, mais si l'on prend ces trois épisodes comme un tout, il y a de quoi être séduit, interpellé par cette série aux grandes qualités romanesques : à découvrir.