Adaptation des romans policiers de Volker Kutscher ("Le poisson mouillé" dans les deux saisons initiales, puis "La mort muette" dans la troisième), cette série allemande à gros budget constitue une très belle réussite, en particulier sur le plan formel : reconstitution flamboyante, décors magnifiques, costumes d'époque, musique envoûtante sous influence Roxy Music version jazz (avec notamment cet hymne intemporel des nuits berlinoises : "Zu Asche, zu Staub").
Au passage, la série révèle deux jeunes comédiens allemands très doués : le charismatique Volker Bruch dans la peau du commissaire Gereon Rath (le héros des romans), et plus encore la belle Liv Lisa Fries et son chapeau cloche, qui incarne parfaitement la berlinoise forte et indépendante des années 30 - assistante de la police le jour, prostituée occasionnelle la nuit.
Si le riche scénario, ancré dans le contexte historique (la République de Weimar, le massacre du Blutmai...) et exploitant intelligemment l'arrière-plan socio-économique (la montée du fascisme, le krach boursier...), reste l'un des atouts majeurs de la série, l'intrigue se perd parfois parmi ses trop nombreux personnages, certains arcs narratifs apparaissant inévitablement plus faibles.
Mais "Babylon Berlin" finit toujours par emporter l'adhésion, grâce notamment à sa touche d'élégance et d'étrangeté : une danse éthylique entre hommes filmée au ralenti, une soirée chaleureuse entre collègues qui finit en chanson ("Du bist alles was Ich will") et en déclaration d'amour muette.
C'est donc avec une certaine impatience que j'attends la quatrième saison de cette série à grand spectacle, dont la diffusion devrait débuter cet été.