Baron noir est une série télévisée française créée par Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon, réalisée par Ziad Doueiri, Antoine Chevrollier et Thomas Bourguignon, traitant de la vie politique française autour des thèmes de la trahison, de la corruption, du pouvoir et de la manipulation politique. Elle compte 3 saisons (2016, 2017 et 2018).
Tragédie grecque
Baron noir met en scène différents protagonistes politiques, le personnage principal étant celui du député maire de Dunkerque Philippe Rickwaert (Kad Merad), proche du candidat PS à la présidence de la République Francis Laugier (Niels Arestrup). Le monde politique est impitoyable. Si vous en doutiez, cette série bien pensée, centrée essentiellement sur le versant politique de la gauche, finira par vous en convaincre.
La série met en scène une myriade de personnages proches politiquement, amis pour un temps puis parfois ennemis pour la vie tant les ficelles du scénario ont placé sous les semelles des principaux protagonistes nombre de chausse-trappes. Dans Baron noir, personne n'est innocent. Les personnes peuvent avoir des convictions, des stratégies mais tout le monde est prêt à tout pour supplanter son prochain, surtout dans la même famille politique.
Sans rentrer dans le détail, les 3 saisons mettent en scène une succession de coups de poignards dans le dos, d'unions fragiles et éphèmères pour servir des ambitions personnelles, l'ensemble des protagonistes ayant pour ambition de surnager sans le moindre scrupule dans le marigot. Les 2 principaux personnages sont Philippe Rickwaert, député déchu, incarcéré puis revenu tel le phoenix pour un nouveau challenge. C'est un fils d'ouvrier autodidacte doté d'un flair politique hors pair, d'un sens de l'anticipation extraordinaire et d'une immense ambition. Face à lui, dans une étrange relation amour haine, se dresse une femme bien née, Amélie Dorendeu (Impressionnante Anna Mouglalis), pur produit techno brillant "enarchique", dépourvue du moindre scrupule, conseillère du président Laugier (Niels Arestrup), qui se verra propulser présidente de la République, suite à la démission forcée de Laugier.
Compte tenu que "l'on ne fait pas d'omelettes sans casser d'oeufs", il va sans dire que le machiavélisme et les mensonges générés pour détourner, notamment de l'argent public, ne seront pas sans conséquences sur le destin de certains personnages, ni même sur leurs survies...
La série colle assez bien à ce qu'a vécu la France entre 2016 et 2018 (Terrorisme, montée de l'immigration, cordon sanitaire...).
Servie par un casting de haute volée et un scénario impitoyable, Baron noir est une excellente série réaliste dont le caractère analytique et prémonitoire sont remarquables.
Mise en abyme
Si j'apprécie peu les acteurs du jeu politique, cet univers me passionne. J'ai aimé la série pour son scénario mais surtout pour son sens de l'anticipation et son réalisme, eu égard aux problèmes bien concrets que traverse depuis plusieurs années le pays sur le plan économique et institutionnel, les citoyens ayant toujours davantage le sentiment d'une déconnexion entre ceux qui les gouvernent et leurs problèmes bien concrets. C'est ainsi que l'on retrouve les concepts de Front républicain pour faire barrage au RN, de France-Allemagne pour impulser un nouveau souffle à une "Union Européenne déjà aux fraises", préoccupée uniquement par des questions de genre ou d'écologie. On perçoit que les politiques ont perdu tout pouvoir face aux marchés, qu'il faut privilégier certains thèmes politiquement corrects et laisser l'Etat de droit entraver le règlement pragmatique de problèmes concrets pour lesquels les français attendent des solutions qui ne viennent jamais....la faute à la lâcheté des politiques et du "machin" (L'Europe), comme disait De Gaulle.
La question la plus intéressante à mon sens est constitutionnelle. Elle met au centre, la nécessité ou pas, de conserver un Président de la République, surpuissant sur le plan des prérogatives, les autres pays de l'Union Européenne s'en passent très bien. Selon les média bien pensants, les français seraient attachés à ce monarque présidentiel, héritier du roi de l'ancien régime (C'est tellement vrai que Louis XVI a fini sur la guillotine en 1793). La vérité est que depuis que l'on a fait coincider les élections présidentielle et législative (Merci à Chirac et à Jospin....), on "donne les pleins pouvoirs sans respiration démocratique" à un homme ou à une femme et à son parti pour 5 ans. Les dernières années ont montré que cela passait de moins en moins bien auprès d'une grande partie de la population (Bonnets rouges, Gilets jaunes...) qui avait l'impression que la souveraineté nationale représentative bi camériste, le gouvernement et le président de la République, faisaient complètement le contraire de ce qu'ils souhaitaient. Dans Baron noir, c'est la présidente en exercice (et en perdition...) qui veut faire trancher cette question par référendum dans la saison 3 (Ce serait bien que Macron fasse la même chose), concept qu'elle a "piqué" à Vidal (Le Mélanchon de la série). Dans la vraie vie, c'est Mélanchon, "cornérisé" avec sa VIème République et son vote communautaire qui a mis l'ouvrage sur le métier et il est le seul...Il revient à l'envie sur le sujet sans aucun succès puisque parfois le messager est tout aussi important que le message...et que Mélanchon est quelqu'un de clivant dont on comprend finalement assez mal l'évolution idéologique depuis quelques années.
Toutefois, lorsque l'on voit que Macron a été assez "doué" pour transformer une Vème République "verrouillée" par un mode de scrutin majoritaire conçue par Debré pour ressusciter la IVème République et le tripartisme, il ne faut pas forcément désespérer.....
Soyez fiers d'êtres des amateurs
Ma note: 8/10