Une belle découverte …
Une série dont j'avais beaucoup entendu parler mais que je n'avais jamais pu visionner à sa sortie en 2016 puis 2018 et 2020.
C'est excellent : trois saisons de 8 épisodes et par conséquent 24 soirées palpitantes de 50 minutes sur trois semaines ; j'avais respecté le "rythme" des saisons en les séparant d'une semaine…
C'est excellent du début à la fin car la série s'appuie sur un scénario très solide et crédible.
Trois saisons ponctuées par trois élections présidentielles. Trois saisons qui suivent l'itinéraire d'un homme politique, Philippe Rickwaert, député -maire de Dunkerque au départ mais qui deviendra successivement l'éminence grise de certains autres hommes politiques (le fameux baron noir) ou carrément un électron-libre, qui passera même par la case prison.
Bien sûr, on est tenté de relier les évènements décrits à la vraie vie et aux vrais hommes politiques français actuellement en place. C'est même un exercice qui peut être amusant. De fait, la série s'inspire de la réalité et colle même à certaines figures mais, à vrai dire, ce n'est pas le sujet. Ou du moins, ce n'est pas le sujet qui m'a le plus intéressé. Ce qui m'a vraiment intéressé, c'est le décryptage et l'analyse du fonctionnement du monde politique. Les mécanismes du pouvoir politique ou de la réflexion politique autour de grandes idées ou d'idées simplement utilisées comme argument électoral. Peu importe, d'ailleurs, que l'idée en question soit ou non travaillée, l'important c'est de la présenter et de la défendre contre une partie qui ne la prend pas en compte, histoire de rallier tels ou tels électeurs. Pour finir, par s'en accommoder ou par l'oublier.
On est très vite fasciné par ce personnage central, Philippe Rickwaert qui déborde d'énergie, que rien n'abat, qui est capable de rebondir après être tombé au plus bas. Son ambition obsessionnelle et dévorante lui fait trouver les chemins les plus tortueux pour parvenir à convaincre.
Qu’est-ce que tu me reproches ? D’avoir tout fait pour gagner ? C’est la règle du jeu en politique. Ce n’est pas moi qui l’ai inventée.
Compliquant toutes ces manœuvres politiques qui n'ont, bien entendu, comme but ultime, que le bien de la France, on observe que les hommes et femmes politiques ne sont pas monolithiques mais bien humains. Il y a de la haine, du ressentiment et même de l'amour entre eux entrainant des réactions de rejet ou de trahison ou de soumission.
Il y a ceux qui placent leur haine au-dessus de leur ambition et il y a ceux qui placent leur ambition au-dessus de leur haine.
La série pointe avec précision, et je dirais exactitude, pour ma part, certains caractères de la vie politique française et leurs risques associés. Par exemple cette polarisation entre les partis politiques où le moindre accord, la moindre alliance deviennent trahison ou magouille. Où on confond les deux mots "compromis" et "compromission". Ou encore, la montée des populismes quel que soit le bord incluant même un youtubeur antisystème, partisan de la nomination des gouvernants au tirage au sort. Ou encore, la proximité des extrêmes.
"Quand on mélange le brun et le rouge, c'est toujours le brun qui l'emporte."
Du point de vue casting, c'est Kad Merad qui domine, indéniablement, la série dans un superbe contre-emploi dans le personnage de Rickwaert.
Mais j'ai bien apprécié le personnage d'Amélie Dorendeu très bien servi par une fascinante Anna Mouglalis.
Les très nombreux seconds rôles ne déméritent pas non plus et contribuent à la crédibilité de la série ainsi que les journalistes de premier plan dans leur propre rôle.
Bien sûr, on notera de temps à autre certaines invraisemblances ou inexactitudes ou d'audacieux raccourcis mais tout cela ne pèse pas beaucoup, pour moi, face à la qualité de l'analyse. Je dirais même que c'est une façon de pousser l'exercice jusqu'à sa limite, de façon presque pédagogique …
Très bonne série que je reverrai très probablement avec beaucoup de plaisir et d'intérêt.