Le House of Cards français n'a rien à envier à son cousin américain. Et même si au lieu de jouer dans Se7en ou American Beauty, Kad Merad a joué dans Bienvenue chez les Ch'ti, il fait tout aussi bien le politicien.
Face à face devant Pujadas et Bouleau. La parole est au Baron: Pourquoi le Baron Noir est meilleur que House of Cards ?
Si j'avais pu écrire en Bleu-Blanc-Rouge ce titre, je l'aurais fait. La première chose qui est bien dans cette série face à House of Cards, c'est que ça se passe en France. Entendre parler de iTélé, Libération, Le Point, Public Sénart à la place du Washington Post ou de CNN, ça fait vraiment du bien pour cerner tous les enjeux du contexte politique de la série. De la même façon, les scénaristes ont choisi d'utiliser les vrais noms des principaux partis et syndicats. Pour l'instant, on voit surtout le PS et LR, et on entend de rares fois parler du FN et de EELV mais parait-il que dans la seconde saison, le spectre de la politique française sera plus largement répresenté.
La série se nourrit de l'ensemble de la politique française et on retrouve chez les deux personnages principaux du Hollande, du Sarkozy, du Chirac, du Mittérand, etc ... (D'ailleurs si quelqu'un a trouvé la liste des références que l'on peut voir dans la série, je suis preneur).
Réelle différence avec House of Cards, le Baron Noir sait se poser certaines limites pour rester un peu réaliste et qui calment ainsi nos craintes de (re)-voir une nouvelle fois une image de politiciens corrompus jusqu'à la moelle. Amateurs de la course au pouvoir de Franck Underwood, ne soyez donc pas déçus ne pas voir un chien se faire étrangler dès les premières minutes de la série.
La série est co-scénarisé par une ex-plume de JL Mélenchon et de Julien Dray, ce qui rend les discours et les répliques encore plus réalistes. Aussi réaliste que le débat politique décrit: réforme de l'éducation, le souverainisme face à l'union européenne, VIe république... On découvre aussi un climat discret post-charlie avec une Place de la République utilisée une ou deux fois comme symbole.
Par contre, on ne peut pas enlever ça aux américains: même si le scénario et le dénouement de Le Baron Noir sont entrainants.** House of Cards propose logiquement une histoire plus américaine, plus bad ass** et plus surréaliste (plus divertissante ?)...
Coté différence, on perd aussi une des forces de House of Cards: les plans où Franck Underwood s'adresse au spectateur. Cette effet de réalisation qui fait le charme de la série américaine n'a pas été repris - à juste titre - par les scénaristes français. En conséquent,** Le Baron Noir rend beaucoup moins ses personnages hypocrites.** Il y a des manoeuvres politiciennes, il y a des coup-bas, mais il y a beaucoup plus de franc-parlé dans la série française.
Au final, cette série vaut la peine d'être regardé (8 fois 1 heure) même si son coté très caricatural et scénarisé de la sphère politique amène quelques défauts de réalisme.