Il est devenu un rien éculé de dire qu'il est plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. De ce point de vue, mes deux séries préférées au monde (BSG et the Wire) commettent le même crime politique: l'idée de spirale, d'éternel retour du même, ce concept réactionnaire vaguement emprunté au saint-patron des petits-bourgeois qui veulent se la donner philosophe. Sinon Battlestar Galactica est parfait dans son genre, puisqu'il ne pose qu'une seule question: jusqu'à quel point pouvez (res)sentir? - et fonce avec elle sous le bras quatre saisons durant jusqu'à l'épuisement et l'implosion.
Tout dans BSG est paroxystique. Les caractères outrés et les relations romanesques à en crever. Les enjeux sont cataclysmiques ou ne sont pas, la philosophie existentielle, toujours...
Et quand on a dit cela on a presque tout dit. Si ce n'est pas votre truc, passez votre chemin ou la série ne vous sera qu'un interminable documentaire sur des personnages abominablement crispants. Moi j'y vois quelque chose de très beau. Il n'y a pas de prétentions démesurées à cette série qui pourtant annonce comme objet central la survie de l'humanité. Ou alors ils auront choisi la version minimale de ce dernier terme: que restera-t-il de l'humanité quand tout le reste aura disparu?
Si ça vous parle embarquez-vous pour un voyage aux limites de la condition humaine. Ça ne se produit pas tous les jours...