Préquelle de la série « Breaking bad », « Better call Saul » relate la genèse de l’avocat véreux de Walter White.
Et c’est justement le problème… En résumé, une galaxie de personnages secondaires gravite autour du centre de l’univers Saul Goodman. Ils n’existent qu’en fonction de lui et de ses excès. Bob Odenkirk (l’incarnant) s’agite tous azimuts pour se dépêtrer de cette situation inextricable, mais peine perdue, seules les réexploitations des personnages de « Breaking Bad » (Tuco, Mike) lui redonnent un tant soit peu de répondant et, en définitive, de corps tout simplement.
Les enjeux sont d’ailleurs beaucoup plus dérisoires et je n’ai pas spécialement vibré à la rédemption du petit escroc s’imaginant grand avocat.
Tout cela empeste un peu trop le rêve américain, ce mythe grossier sensé faire croire à tous les rebuts qu’eux aussi peuvent réussir leur ascension sociale.
D’autant qu’en comparaison, « Breaking Bad » faisait constamment ballotter ses personnages entre la vie et la mort. Le spectateur partageait émotionnellement les destins d’écorchés vifs, constamment sur le fil du rasoir. Les enjeux outrepassaient donc la simple réussite financière et le redorage de blason. Dans cette logique superficielle, « Better call Saul » se concentre sur des joutes juridiques insipides et verbeuses. Rien de moins qu'un maigre substitut aux situations hypertendues de sa matrice inspiratrice... Et, fatalement, quand la grenouille veut se faire aussi grosse que le bœuf, elle éclate et éparpille ses lambeaux dans l’indifférence générale.
Si vous ne connaissez pas « Breaking bad », cet ersatz hâtivement échafaudé pourra peut-être vous distraire, sinon, passez votre chemin, déception ne sera qu’euphémisme.