Au milieu des mastodontes de la vidéo à la demande que sont Netflix, Prime Video ou Disney +, brillants par leur incapacité à écrire un semblant de synopsis innovant et de qualité, Apple TV+ trace sa route et se démarque de la concurrence en multipliant les projets de qualité. La série de guerre Masters of the Air, l'excellent The Morning Show ou le thriller Black Bird, objet de la critique, en sont des exemples criants.
Black Bird, c'est l'étonnante surprise pondue par Dennis Lehane, notamment auteur des chefs d'oeuvre Gone Baby Gone, Mystic River et Shutter Island - adaptés avec un très grand succès au cinéma par des réalisateurs comme Clint Eastwood et Martin Scorsese, excusez du peu !
Partant, le simple fait de découvrir si le passage de Lehane de la plume à l'écran allait être également couronné de succès valait à lui seul le détour.
Or, après coup, ce détour semble indispensable en ce que le réalisateur renouvelle totalement le genre du thriller et parvient avec une très grande efficacité à plonger le spectateur dans la noirceur du paysage carcéral au sein duquel se situe la quasi intégralité du show. Cela faisait longtemps qu'une série centrée autour d'un tueur en série n'avait pas été aussi prenante de bout en bout.
Au sein de ce pénitencier de haute sécurité où règne la violence et le rapport de force, un jeune trafiquant de stupéfiants, Jimmy Keene, est condamné à 10 ans de prison sans possibilité de libération conditionnelle. Afin d'avoir une chance de revoir plus promptement la lumière du jour et de retrouver son père, gravement malade, il passe un marché avec les autorités fédérales pour mettre fin à sa peine, à condition d'obtenir les aveux d'un tueur en série présumé, Larry Hall.
Larry Hall est le principal antagoniste de la série. Il est le Black Bird, l'oiseau noir, le monstre caché derrière une apparence de déficient mental. Concernant ce personnage, on ne pourra que féliciter des deux mains la magnifique partition jouée par l'acteur Paul Walter Hauser, déjà très bon dans Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood. De par sa qualité d'acting, il parvient à hisser l'antagoniste Larry Hall au niveau des plus grands méchants de série.
En face de Hall, Jimmy Keene est le héros qui tentera par tout moyen d'obtenir les aveux du criminel en slalomant entre les émeutes carcérales, la violence des prisonniers et la corruption des gardiens. Interprété par Taron Edgerton, dont le jeu d'acteur est critiquable, le spectateur a l'impression d'assister à une pâle copie d'une prestation de Leonardo DiCaprio de mauvaise qualité. Il serait d'ailleurs intéressant de savoir si Edgerton n'a pas pris comme modèle le personnage de DiCaprio dans Les Infiltrés pour jouer son rôle, tant la volonté de ressemblance apparaît évidente.
A côté de Jimmy Keene, l'enquête sera menée à l'extérieur par deux flics de grande qualité, prêts à tout pour obtenir des preuves menant à la culpabilité de Larry Hall. Concernant l'interprétation de ces deux policiers, on saluera le jeu d'acteur de Brian Miller, déjà connu pour son rôle principal dans le film Little Miss Sunshine.
Pour finir, au niveau des acteurs, on saluera la prestation du père de Jimmy Keene, interprété par un diminué mais toujours excellent Ray Liotta qui effectuera ici son dernier tour de piste avant son décès.
Partant, nonobstant la prestation caricaturale de l'acteur principal et une fin prévisible, la série Black Bird est d'une grande qualité tant par son casting que par son scénario. Partant, le spectateur se réjouira de retrouver enfin une série de serial killer de bonne facture. Depuis le Mindhunter de David Fincher, non renouvelé après une seconde saison réussie, aucune série de ce genre n'avait été créée.
Au final, c'est cela Black Bird. Mindhunter mais avec une fin, aussi prévisible soit-elle.