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Quelle place les nouvelles technologies peuvent-elles prendre dans nos vies ? Voilà la question que pose Black Mirror à travers les 6 épisodes (sans doute le prix à payer pour qu'ils soient tous aussi bons) qui constituent ses deux courtes saisons. Pas de personnages récurrents mais une thématique centrale : l'impact des nouvelles technologies sur les Hommes et sur notre société dans un futur (très) proche. Le générique bref et sobre annonce déjà que les choses sérieuses commencent et nous murmure presque à l'oreille "ceci n'est pas une série".


Alors Black Mirror, c'est quoi?


Plus qu'une série, Black Mirror est une expérience. On laisse de côté le côté affectif qui nous lie souvent aux séries et à leurs personnages et on récolte des interrogations en pagaille. On ne nous retient pas par d’énormes cliffhangers, des histoires d'amour qui traînent en longueur, running gags ou autres tics chers aux scénaristes. Chaque épisode est autonome, chaque épisode est unique, chaque épisode est en réalité un récit d’anticipation percutant.
Ici, on nous interpelle au moyen de scénarios extrêmement bien ficelés, plus ou moins futuristes mais toujours portés par un souci de réalisme, d’acteurs convaincants et d’une réalisation soignée. Les effets spéciaux sont là eux aussi, pour nous rappeler qu'avec un budget limité et beaucoup d’ingéniosité on peut obtenir des effets visuels d’autant plus efficaces qu’ils sont toujours au service d'un propos.


Ce qui est au centre de Black Mirror, c’est d’ailleurs… son propos. Le cœur (très sombre) de la série est le regard qu’elle oblige son spectateur à porter sur notre société actuelle et l’anticipation clairvoyante de ses possibles dérives. La narration, sobre et efficace est une vraie force. Comment, en 45 minutes, développer un univers crédible, y faire évoluer des personnages, soulever des interrogations, et sortir le spectateur de sa zone de confort ? Comment, en 45 minutes, aborder l'évolution technologique dans un contexte réaliste, faire l’autocritique de notre société et de son rapport au virtuel ? Chaque épisode répond pourtant brillamment à ces questions.


C'est la première fois qu'une série me marque à ce point parce qu'elle me fait m'interroger, me force à porter un autre regard - sûrement plus méfiant - sur notre utilisation d'internet, des technologies, des écrans, et l'image de nous, les êtres humains 2.0, qu'ils pourraient nous renvoyer à la figure. Elle place l’homme augmenté face au progrès qui lui promet de combler toutes ses failles, en rappelle sa fabuleuse efficacité qui s’accompagne toujours, lorsqu’on commence à creuser, d’une dangerosité effrayante.


Pour terminer je voudrais donc déclarer ma flamme à Charlie Brooker qui nous avait offert la très cool Dead Set il y a quelques années, mélangeant déjà les genres et faisant une critique de l’écran et de l’industrie du divertissement. Merci d'oser créer des objets télévisuels innovants.

Créée

le 28 févr. 2013

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MadMath

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