Quel est l’état politique du Danemark dans les années 2010 ? Autrefois, l’influence du Royaume du Danemark s’étendait en Angleterre, Suède, Norvège et Allemagne. Aujourd’hui, cette monarchie constitutionnelle n’est plus qu’une région et quelques îles coincées entre l’Allemagne et la Suède. Pour ne pas être injuste, on peut également mentionner les îles Féroé et le Groenland, où une partie de l’intrigue de Borgen se situe d’ailleurs.
Borgen, comprenez Château en référence au château de Christiansborg où siège le Parlement danois à Copenhague, a été créée par l’esprit d’Adam Price, un présentateur culinaire et propriétaire de restaurants dont les ancêtres sont anglais.
Au premier abord, la série danoise a des airs de présentation PowerPoint du monde politico-médiatique qui navigue entre naïveté et idéalisme. En somme, Borgen donne dans l’attendu pour quiconque ayant le strict minimum de notions sur les coulisses politiques. A moins que d’apprendre que les liens entre journalistes et politiques sont très étroits et que les manigances sont monnaie courante vous choque, rien de nouveau. Si ce n’est le cadre danois.
Ce qui nous plonge dans Borgen, c’est la centriste Birgitte Nyborg et son spin doctor Kasper Juul. Le duo, interprété avec justesse par Sidse Babett Knudsen (After the Wedding) et Pilou Asbæk (Hijacking, Les enquêtes du département V) brille d’ingéniosité pour arriver à ses fins. Et souvent, le succès est au rendez-vous, ce qui s’avère parfois agaçant tant cela peut paraître invraisemblable. Fort heureusement, les quelques rouquines danoises et la journaliste Katrine Fønsmark font passer la pilule.
Et puis, à mesure que les épisodes des 3 saisons s’enchaînent, on finit par se faire à l’idée qu’effectivement, rien n’est ni tout noir ni tout blanc. Plutôt que de s’en aigrir, on se laisse emporter à rêver comme Nyborg que quelques politiques désintéressés du pouvoir, de la renommée et de l’argent peuvent faire évoluer les choses ; si possible dans la bonne direction – bien qu’on ne soit pas certain qu’il y en ait une.
Force est de constater qu’il est dur d’observer cette femme se débattre avec sa vie privée et politique avec un profond désintérêt tant l’être humain est attiré par le mélo. De manière assez naturelle, une certaine forme de compassion finit par s’installer à l’égard de certains des personnages de Borgen. Parfois même pour les « méchants ». A l’exception d’Alexander Hjort (saison 3) qu’on a juste envie d’insulter.
La série qui avait débuté en 2010 s’est arrêtée en 2013. Au lieu de faiblir, je suis tenté de dire que la dernière saison fut la captivante. C’est celle qui en mon sens a su jongler avec les thématiques politiques, médiatiques et du domaine de la vie privée le mieux. Sans entrer dans le pathos et forcer sur la forme, une ligne de fond permet à chacun de se faire son idée sur la part de réalité et de fiction de Borgen.
Je vais regretter de ne plus entendre de danois, même si je ne comprenais qu’un mot sur cinquante du fait de sa ressemblance avec l’anglais.