(pas peu fier de concourir pour les Razzie Awards du titre de critique le plus pourri).
Recette toujours la même donc : intro dans le passé, lien avec les enquêteurs dans le présent (dans le présent d'il y a 20 ans pour ceux qui ne suivent pas), musique qui monte, cri d'une femme à qui on brûle les orteils au chalumeau, générique paresseux, reprise de l'enquête, des flash-backs, des interrogatoires, encore des interrogatoires, beaucoup d'interrogatoires, un ou deux merci scénario parce qu'on ne peut pas toujours forcer sur les témoins vivants à la mémoire infaillible (qui ne se rappelle pas ce qu'il a fait le 16 mars 1988 ? Allez coup de bol on retrouve un fragment de post-it conservé qui va éclairer nos fins limiers), quelques scènes sur la vie privée des flics, interrogatoire final où le principal suspect (généralement identifié 25 minutes plus tôt) s'effondre dans un océan de remords dostoievskiens, suspension consentie d'incrédulité qui ne fonctionne qu'à moitié car pas mal de mobiles sont franchement tirés par les cheveux pour un meurtre, même pour des Américains, visions mystiques de Lili qui voit la victime reconnaissante, générique de fin.
Toujours le même plat froid servi réchauffé donc (pitié, le niveau... Je me fais honte moi-même). Plus ou moins épicé en fonction de l'humeur du chef.
C'est réconfortant, c'est consensuel, c'est standardisé et les acteurs sont sympathiques : parfait pour le service public.
Bien sûr que la moquerie est facile. L'intérêt de cette série ne sont ni les intrigues policières ni même le destin privé des flics dont on se moque un peu, c'est la reconstitution fort soignée, une bande-son évidente et un vrai sentiment doux-amer de nostalgie qui infuse tout au long, à la fois pour les époques et les personnages aux vies brisées. Sociologiquement c'est assez intéressant de voir comment des Américains de la décennie 2000 regardent l'histoire américaine sur 2/3 du XXe siècle.
Et puis je l'avoue, j'ai craqué plusieurs fois pour le côté bienveillant. Ainsi les coupables, sauf exceptions, ne sont pas des ordures intégrales mais souvent le jouet d'évènements qui les dépassent. De même, les policiers ont un petit coeur qui bat et leur côté assistant social est bien développé : sympa.
Reste qu'au bout d'un moment, même un plat correct finit par lasser (i.e. je ne suis pas allé au bout).