At least, everything is here...
Greendale est un community college, un type d'établissement très en vue actuellement en cette période de crise. Face aux coûts prohibitifs de l'enseignement supérieur, ce type d'universités, ouverts gratuitement sans limite d'âge ni de géographie, ouvre aux étudiants une voie alternative dans l'obtention de leurs diplômes universitaires. Ils offrent donc une mixité sociale qui n'existe pas dans les universités traditionnelles. C'est cette mixité qu'exploite Community.
Cette série chorale offre donc les années de formation universitaire de plusieurs personnages aux destins bien différents : Jeff Winger, un avocat déchu de son diplôme d'avocat ; Britta Perry, une jeune fille un peu bohême et féministe engagée ; Abed Nadir, un cinéphile et téléphile névrosé, limite autiste ; Troy Barnes, star de football universitaire qui a dû arrêter sa carrière sur blessure ; Shirley Bennett, fervente catholique et mère de famille récemment divorcée en recherche d'emploi ; Annie Addison, une jeune fille coincée renvoyée de son ancienne université pour addiction aux médicaments ; et Pierce Hawthorne, retraité débonnaire, sept fois divorcé, un peu raciste et macho sur les bords. Tous ces personnages se retrouvent ensemble dans un groupe d'études pour leur cours d'espagnol, tenu par un Asiatique exubérant, le Senor Chang.
A partir d'une énième variation sur un thème rebattu (la college sitcom, ou sitcom universitaire), Community fait pourtant mouche, et ce de manière assez réjouissante. Cela tient avant tout à un humour très sophistiqué et imprégné de pop-culture, ancrant totalement la série dans le temps, jouant sur le contraste générationnel entre ces étudiants âgés de 19 à 60 ans. Qui plus est, la série prend le parti du méta-humour, c'est-à-dire le jeu comique sur les codes narratifs traditionnels (à ce titre, la série propose de nombreux épisodes parodiant les films de mafia, d'horreur, d'apocalypse ou de huis clos), et c'est particulièrement savoureux de voir à quel point la série peut parfois se laisser embarquer dans un non-sens parodique pareil. Ecrite et créée par un ancien rédacteur de sketchs de la comique Sarah Silverman (celle qui se tape Matt Damon pour les connaisseurs), la série offre un humour très intelligent, rarement vulgaire.
La galerie de portraits est plus que savoureuse, grâce aux personnalités affirmés de ces personnages qui ont tous a un moment ou un autre, foiré quelque chose dans leur vie. Leurs prises de bec sur la religion, la discipline, ou d'autres sujets plus légers sont parfois hilarantes, et l'interprétation est généralement très solide. A noter qu'on retrouve dans la série Chevy Chase, pilier du légendaire Saturday Night Live et ancien collègue des John Belushi, Dan Aykroyd, Gilda Radner et Bill Murray (même si techniquement, Bill Murray est arrivé pour remplacer Chase dans le SNL) dans le rôle de Pierce Hawthorne, Allison Brie, apparue dans Mad Men ou encore Ken Jeong (aka Doctor Ken dans Entourage, et accessoirement Guest Host d'un soir aux côtés de Jeremy Piven à RAW) dans le rôle assez savoureux de Senor Chang.
Bref, une série comique avec un très haut niveau de qualité, sans doute l'une des meilleures du paysage télévisuel américain actuel. Faites attention, il faut peut-être trois ou quatre épisodes pour bien rentrer dans la série.