Il faut parfois savoir s'incliner devant une œuvre qui ose. Et c'est le cas de Constellation. Cette série ouvre la porte au risque, et le fait de manière brillante et intelligente.
Il y a tout d'abord le risque - minime en apparence, mais sincère, sérieux, existant - d'une délocalisation de l'histoire. On n'est pas aux USA, on n'est pas aux mains de la NASA, et les américains n'ont pas pour vocation de sauver le monde. Et ça, déjà, c'est à noter.
Mais il y a aussi le risque de l'angle pris. On n'est certes dans l'espace, mais nous ne sommes pas dans un drame planétaire, dans une guerre avec des extra-terrestres ou dans un scénario catastrophe.
Enfin, il y a le risque énorme de la mise en image de lois physiques qui, encore aujourd'hui sont à peine comprises. Et ça, bordel... C'est un pari aussi osé que réussi.
Et c'est sans doute cette compilation de risque qui rend la série si puissante. Car Constellation est une réussite sur chacun des points relevés. Le scenario est prenant, au même titre qu'il est audacieux, presque fou. Mais on plonge allégrement dans cette folie : on veut comprendre, on veut savoir. C'est d'ailleurs même pire que cela. On comprend le lien entre l'histoire de ce personnage et les lois de la physique quantique, on le comprend aussi bien qu'elle. Mais on est saisi, on veut comprendre ce qu'elle a compris, et où l'emmènera cette compréhension.
Et on est bien obligé de tirer son chapeau à la réalisation. Car si on est embarqué dans une histoire pourtant si complexe, si folle avec autant d'allégresse et de volonté, c'est parce que la réalisation est intelligente. Elle est même géniale, au sens où elle fait preuve de génie, en parvenant à jouer avec les temporalités, les effets de miroirs, les rebours...
C'est pourquoi la série me paraît fascinante, autant à suivre (à comprendre) qu'à regarder (à admirer). La double scène du chalet, avec la présence d'un chat mort et d'un chat vivant ; la discussion de cette petite fille avec elle-même dans l'armoire ; la scène de la soirée suivant l'enterrement ; la discussion sur la balançoire entre la petite fille et Jonathan Banks... sont des scènes d'une puissance visuelle, symbolique et scientifique incroyable. Tout est fait dans la justesse.
En parlant d'ailleurs de justesse et de Jonathan Banks il faut également souligner le jeu de Noomi Rapace qui me paraît très fin, élégant et tenu.
Bref, c'est à s'arracher les cheveux face à la décision prise de ne pas poursuivre la production de cette série.