Je est un autre ...
... et il habite à Berlin ! Berlin non plus porte entre l’Est et l’Ouest mais porte entre eux et nous, porte des étoiles, porte entre moi et moi ! L’intrigue est celle de deux mondes parallèles qui...
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le 9 mars 2018
12 j'aime
Histoire d'espionnage et drame psychologique, Counterpart se focalise sur Howard Silk, un simple et dévoué employé d'une ong ministérielle dédiée aux Echanges pour laquelle il travaille avec sa femme. Cependant, alors que cette dernière évolue aux plus hauts échelons, il stagne depuis des années à l'interface, où il transmet à travers une vitre des messages cryptiques qui lui échappe avec d'autres seconds couteaux qu'il ne revoie jamais et avec qui il lui est interdit de communiquer d'aucune autre façon.
Quand sa femme, renversée par une voiture, sombre dans le coma, son univers est bouleversé. Quelqu'un à la direction le demande. Quelqu'un venu de "l'autre côté". Avec lui, le spectateur découvre alors le fondement de cette histoire folle : suite à une expérience ratée dans les années 80 en allemagne de l'est, un monde miroir s'est créé et le seul couloir qui amène vers ce monde se trouve à Berlin.
L'autre monde présente quelques différences significatives. 17% de la population a été décimée par une grippe mortelle... ce qui fait que la population porte souvent des masques, se lave beaucoup les mains et évite les contacts...
(Toute ressemblance avec une situation contemporaine serait un beau hasard !)
Cette réalité alternative, Howard Silk se la verra expliquée... par lui même. Son "autre" venu de l'autre côté. Mais alors que Howard Silk est un brave type, discret employé modèle et mari fidèle, l'autre est un salaud charismatique...
Bienvenue dans un univers qui interroge la possibilité du "Et si..."
Car, comme beaucoup des meilleures séries (The Wire en premier plan), Counterpart est construit non pas sur une intrigue (pourtant bien présente), mais sur un questionnement auquel chacun des personnages principaux devra répondre. Et si j'étais devenu quelqu'un d'autre ? Et si je prenais la place de celui qui a ce que moi je n'ai pas dans ma réalité ? Et si je devenais un autre ?
Pour porter ce questionnement ambitieux, il fallait un casting à la hauteur de l'enjeu, dont beaucoup des personnages principaux auraient à porter deux personnalités distinctes. Challenge réussi de main de maître, notamment grâce à l'acteur principal JK Simmons, mais aussi par tout le reste du cast, avec une mention spéciale aux personnages féminins qui portent la série.
L'intrigue d'espionnage est bien menée, mais c'est véritablement l'évolution psychologique des principaux caractères qui forcent le respect. Rarement une série d'action aura été si émouvante, ce qui se fera parfois aux dépends d'un rythme qu'on attendrait de ce genre de série, mais qui est parfaitement en phase avec un univers d'espion ou la diplomatie, les discussions et les faux semblants alternent avec les phases de violence.
Le spectateur ne s'y perd jamais, sans que la réalisation n'ait besoin d'ajouter trop souvent de cartouches... L'autre monde a en effet un certain nombre de codes visuels (personnages masqués dans les rues, bâtiment ultra moderne inédits en arrière plan) qui permettent d'identifier de quel côté on se situe...
Car l'autre élément fort de l'univers c'est le lieu de l'action : Berlin. Ville des espions par excellence, après plus de trente ans de guerre froide, ville double Est-ouest, capitale multi-culturelle, mélangeant passé et modernisme, c'était l'emplacement rêvé pour donner un champ d'action à cette histoire où les transfuges s'échangent et viennent prendre la vie des autres.
(t'as la ref ?)
En tant qu'ancien berlinois, je ne peux que saluer le travail de scouting géographique de la production qui a choisi des quartiers hyper-graphiques et porteurs, (Mitte, Neuköln, Postdam, les bords de Spree...) en évitant les tartes à la crème touristique (Alexanderplatzt, le mur, la Porte de Brandenburg, le Dom ou le Reichtag).
Toute personne vivant ou ayant vécu à Berlin sera bluffé de la justesse de ces choix de la production californienne (avec tout de même la participation des Studios Babelsberg de Postdam, l'ancien Hollywood de l'Europe).
Visuellement, la photo est, volontairement, très froide. Particulièrement quand on se trouve dans "l'autre monde". Les rares ambiances chaleureuses concernent quelques intérieurs, mais cette intimité que le contraste visuel est démentis par les faux semblants que le spectateur connait : en général, l'un des habitants est en train de mentir à l'autre... La confiance n'est nulle part.
La première saison finit formidablement et la seconde vient ajouter une base historique à cet univers étonnant.
Si je devais faire une critique, c'est que je trouve qu'on a du mal à comprendre en quoi tel univers est capable de trouver des progrès techniques dont l'autre semble incapable, pourquoi l'un est faible face à une épidémie qui épargne l'autre... Mais après tout, c'est aussi le principe de cette série qui se base sur le "Et si..."
En tous cas, un formidable exercice d'uchronie, une performance d'acteurs incroyable, un récit d'espionnage passionnant dans un Berlin contemporain et une preuve supplémentaire, s'il en fallait encore, que JK Simmons est un immense acteur.
Voilà bien longtemps qu'une série de m'avait pas autant retourné.
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Créée
le 2 juil. 2021
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