Crisis in Six Scenes, c’est un peu comme si Woody Allen avait décidé de faire une mini-série sur une crise familiale des années 60, mais qu’il avait oublié d'ajouter de la véritable crise… et des scènes mémorables. Le résultat ? Six épisodes où les dialogues fusent plus vite que les événements, et où tu te demandes parfois si l'humour n'a pas pris une pause-café en chemin.
L’histoire suit Sidney Munsinger (joué par Woody Allen lui-même), un écrivain névrosé et bougon qui vit avec sa femme Kay (Elaine May) dans une banlieue américaine tranquille. Mais leur quotidien bien rangé est bouleversé par l'arrivée de Lennie (Miley Cyrus), une jeune activiste révolutionnaire qui fuit les autorités. Et là, c’est censé être le moment où tout bascule… sauf que ça ne bascule jamais vraiment. L’idée de départ est bonne : une collision entre les idéaux conservateurs de Sidney et les convictions radicales de Lennie, le tout sur fond de paranoïa politique des années 60. Mais au lieu de nous plonger dans un chaos jubilatoire, la série se contente de débats tranquilles dans le salon, où l'on se chamaille plus qu'on ne révolutionne quoi que ce soit.
Le principal problème, c’est que Crisis in Six Scenes ressemble à un sketch de Woody Allen qui s’étire beaucoup trop longtemps. Les dialogues, certes bien écrits, sont souvent plus savoureux que l’intrigue elle-même. Allen joue son rôle classique de l'homme âgé névrosé, lançant ses habituelles tirades sur l’absurdité de la vie et ses nombreuses peurs, mais tout ça finit par sentir le réchauffé. On a déjà vu ça mille fois chez lui, et si on peut apprécier son humour verbal, il manque ici la fraîcheur et l'énergie qui pourraient vraiment faire décoller la série.
Miley Cyrus, dans le rôle de Lennie, apporte un peu de modernité à cet univers figé, mais son personnage reste unidimensionnel. Elle est la rebelle anti-establishment tout droit sortie d’un manuel de révolutionnaire, mais à part balancer quelques slogans radicaux et perturber la routine de Sidney et Kay, elle ne fait pas grand-chose. On attend qu’elle fasse exploser cette petite bulle de confort bourgeois, mais elle se contente surtout de faire du bruit sans vraiment changer grand-chose. Un peu comme une tempête dans un verre d’eau… ou plutôt dans une tasse de thé à la menthe bio.
L’humour, typiquement Allenien, repose beaucoup sur les dialogues rapides, les quiproquos et les névroses des personnages. Mais là encore, on est plus dans la nostalgie que dans l'innovation. Les meilleures blagues sont celles qui font sourire plutôt que rire, et même si les échanges entre Sidney et Lennie sont amusants, on reste souvent en surface. Ça se chamaille, ça discute, mais tout finit par s’essouffler. L’humour ne mord jamais vraiment, et on se retrouve à attendre une crise qui ne vient jamais.
Visuellement, c’est du Woody Allen tout craché : une esthétique sobre, presque théâtrale, avec des plans simples et des décors rétro qui nous plongent dans l’Amérique des années 60. Mais là encore, on a l’impression d’assister à une pièce de théâtre filmée, où l’action est confinée à quelques pièces de la maison. Si l’intimité de la mise en scène fonctionne pour certains dialogues, elle finit par rendre l’ensemble un peu claustrophobe. On aimerait voir le monde extérieur, sentir la véritable tension de l’époque… mais on reste coincé dans ce salon confortable, à regarder les personnages se chamailler autour de la révolution.
En résumé, Crisis in Six Scenes est une mini-série qui repose trop sur ses dialogues et sur le style bien connu de Woody Allen, mais qui manque cruellement de tension et d’action pour vraiment captiver. Si tu es un fan absolu de l’humour Allenien, tu trouveras sans doute quelques moments sympathiques, mais si tu espérais une série qui bouscule les codes et offre une vraie crise, tu risques de rester sur ta faim. Ici, la "crise" ressemble plus à une petite querelle familiale qu’à un véritable bouleversement.