Adaptant le livre-enquête du journaliste Fabrice Arfi sur l'escroquerie liée aux "quotas carbone", le cinéaste Xavier Giannoli signe un film fleuve de 12 heures, selon son propre aveu. Un gage de qualité, qui confère à la série une ciné-génie remarquable, tant en terme de décors, de mise en scène que d'interprétation (Niels Schneider est incroyable, David Ayala une révélation).
Chaque épisode parvient à embarquer le spectateur, même si l'intérêt peut décliner à certains moments. La seconde moitié s'avère ainsi redondante et moins captivante que la première, pénalisée par une absence de conclusion véritable (l'affaire n'est pas encore totalement jugée), et par le choix discutable de Canal+ de découper la diffusion en 2 parties de 6 épisodes chacune, espacées de quelques mois.
Si "D'argent et de sang" constitue globalement une très belle série, notamment à l'échelle française, certains aspects l'empêchent d'atteindre l'excellence. Ainsi, on pourra regretter le ton souvent sentencieux voire moralisateur (sans doute inévitable vu le sujet), incarné par le personnage de justicier campé par Vincent Lindon, qui hérite d'un background personnel traité sans grande subtilité (sa propre fille toxicomane). On appréciera toutefois sa tirade finale contre les diverses composante de notre système ("J'en veux à..."), qui rappelle immanquablement le monologue d'Edward Norton dans "La 25ème heure" ("J'emmerde...").
Pour ceux qui souhaiteraient approfondir le sujet, il existe également un film d'Olivier Marchal vaguement inspiré de cette affaire ("Carbone"), mais surtout un documentaire de Guillaume Nicloux ("Les rois de l'arnaque"), qui s'intéresse à ses véritables protagonistes.