Trois ans avant de mettre des claques, sur nos rapports avec la technologie, en créant le très actuel Black Mirror, c'est en se concentrant sur le phénomène de la télé-réalité que Charlie Brooker commença son trip de «série prise de conscience». Avant de faire déguster d'autres «trips» à ses zombies, Chanel 4 qui diffuse la série, lui offre la possibilité de recycler son décor de Big Brother pour ancrer la série dans une crédibilité poussée. Cerise sur le plateau, l'animatrice vedette Davina McCall est elle-même de la partie pour caricaturer son propre rôle. Le décor est donc planté avant que les zombies se fassent eux-même planter.
Or, la série se voulant aussi horrifique que comique, ce n'est pas seulement la présentatrice mais également tous les lofteurs qui sont des caricatures. Le pilote nous offre donc des situations télé aussi banales que bien écrites, avec une bonne répartie de la part des «débiles de la maison».
Malheureusement, une fois que l'invasion zombie se fait et le show télévisuel terminé, sur les quatre autres épisodes de 20min, certains traits demeurent trop grossiers pour rester sympathiques. En effet, nous avons une «Loana qui fait sa salope pour être appréciée» qui reste toujours aussi conne dans les situations les plus tendues, alors qu'un enfant de 12 ans aurait eu plus de jugeote. Même problème pour le «vieux relou à la recherche de sa jeunesse perdue» qui peut faire une action relou à tout moment fatidique, parce qu'il est relou et que c'est un vieux con. Vous voyez nous avons ce genre de gogoles qui portent d'affreuses Vans à gueules de chausson, gogoles aussi incroyables que réalistes, comparés à ce qu'on voit sur Secret Story. Mais le problème c'est que cela même en dehors du show ! Bien que ce ne soit pas plus gênant que ça, il y a trop peu dévolution pour être parfaitement crédible.
Lofteurs up and down
Lofteurs move around
Oh oh oh
Fini de chanter comme des teubés. Kelly ramène l'horreur à cette pseudo-réalité horrible. La série profite de l'aspect voyeuriste de la télé-réalité pour ne faire aucune cachotterie, nous montrer tel quel la morbidité des détails. Et vas-y que ça montre des cous arrachés en gros plans. Et vas-y que ça bouffe des trips, et cela même sans se donner la peine de les faire à la mode de Caen. L'horreur visuelle agresse, on satisfait notre côté voyeur même une fois le show terminé. Les lofteurs se font désormais consommer au sens propre par tous ces mange-merde que nous sommes.
Finalement plus dégueulasse qu'effrayant, on regrettera quelques facilités ainsi qu'une caméra qui fait trop amateur en rendant l'action illisible. Alors qu'une caméra plus posée comme pour la télévision aurait été sans doute plus appréciable et logique. Même si la série s'adresse avant-tout aux fans d'horreur, on peut dire que la peur est estompée par l'humour et le côté critique, qui peut faire prendre un recul.
En effet, loin d'être bête, la série se sert des codes de télé-réalité pour faire marcher l'action. Par exemple, ça marche très bien dans l'épisode 4 quand on voit ce connard de producteur, véritable marionnettiste qui force ses pantins au QI de topinambour à aller dans son sens. L'utilisation des gadgets de la maison comme le sifflet est remarquable.
En définitive, en seulement 5 épisodes, Dead Set aura été une petite série efficace dans la puissance de ce qu'elle montre avec cette outrance graphique et certaines situations que l'on retrouvera dans The Walking Dead. En particulier sur le fait d'être confronté à tuer ses proches. Malheureusement, c'est sans doute trop court pour apporter une construction intéressante et avoir une résolution de conflit qu'on n'attend pas.
Quand on voit le zombie se noyer dans la piscine, on se dit direct' que : soit ça se réglera avec de l'eau, soit que nos gogoles vont tous simplement crever. Le dénouement perd donc légèrement en intérêt.
Néanmoins, cela reste une série très divertissante, qui en plus de remuer, amène à réfléchir sur le type de programme qu'on consomme, soit ceux avec une belle somme de cons.