C'est le retour des vacances, et je passe de la chaleur du sud, des amis, des violents coups de soleil qui me tenaient éveillés la nuit à la misère émotionnelle et météorologique parisienne. Après un mois de balades, de baignades, de champignons magiques et de détente, je suis en train d'enfourner ma couette dans son drap housse avec dépit lorsque je me souviens de l'info, aperçue sur 9gag quelques jours avant : nouvelle série animée. Fantasy. Matt Groening. Épique.
Reprenant mes esprits alors que je m'apprête à farcir ma housse de couette avec mon chat, je me fous en caleçon-chaussettes et trouve la fameuse série Netflix (en VO).
La première chose à souligner à propos de Disenchantment, c'est que je trouve ça très beau. La 3D est utilisée avec parcimonie et sait se fondre élégamment dans les plans de transition. Le dessin est assez léché par moments, sur les plans fixes surtout, et moins parfois, mais conserve toujours le savoir faire de Groening, l'attention portée au détail.
Servie par une bande son à la fois médiévale et moderne, la série se veut légère et paraît, au premier abord, très superficielle : la première apparition d'Elfo m'a par exemple laissé perplexe, ne comprenant pas la place que ce personnage pénible pourrait bien tenir dans le récit.
Pourtant rapidement, on se prend à enchaîner les épisodes tant pour l'humour qui sert les scènes que pour la facilité avec laquelle les auteurs déroulent la narration. En entremêlant faits divers et éléments plus ancrés dans le récit, ils offrent à la série une âme assez palpable, qui m'a menée par le bout du nez.
L'imagination remarquable de Groening et des auteurs est très agréablement et savamment distribuée : tour à tour elle sert le comique comme les fondations du récit, et donne à la série une certaine onctuosité. C'est d'ailleurs bien ce qui frappe en regardant cette série : l'équilibre entre narration et humour, fruit d'une longue expérience en la matière. Chaque personnage, bien qu'initialement peu original (un elfe et un démon charismatique en guise de side kicks, une héroïne paumée et alcoolique, etc.), prend rapidement de la profondeur, qu'il soit amoureux d'un protagoniste, se prenne d'amitié pour ce qui était originairement sa victime ou galère à régler des problèmes liés à l'enfance.
On ne peut pas comparer Disenchantment à Futurama, et encore moins aux Simpsons (qui pour le coup n'ont pas cette volonté narrative). D'ailleurs si c'était le cas Groening aurait raté son coup : on sent avec Disenchantment que l'auteur aspire à quelque chose d'autre, entre les deux : moins superficielle que les Simpsons, moins "épaisse" que certains épisodes de Futurama, la série réussit néanmoins son coup : plonger le public dans un nouvel univers, assez riche pour permettre mille péripéties, et assez décalé pour permettre à l'humour de Groening de trouver de nouveaux filons.
C'était en tous cas pour moi le mélange parfait, légèrement mélancolique, pour pallier à ce dépôt de suie qui commençait déjà à embrumer mon cerveau à l'aube de cette reprise du boulot.
Bon, j'ai aussi défoncé un pot de glace "Cookie Dough", un paquet de M&Ms et deux Grimbergen en regardant les premiers épisodes. Mais je ne sais pas si ça a joué.