Dexter, c’est un peu comme si Docteur Jekyll et Mister Hyde s’étaient installés à Miami, troquant la potion magique contre des gants en latex et un scalpel affûté. Imaginez un gars qui passe ses journées à résoudre des crimes pour la police et ses nuits à en commettre… mais attention, avec éthique. Oui, Dexter Morgan est le sociopathe le plus sympa que vous croiserez jamais : il tue, certes, mais seulement des gens vraiment méchants (parce qu’il a un "code", voyons).
Paramount Plus with Showtime nous propose ici un personnage tout à fait unique : Dexter, expert en éclaboussures de sang le jour, serial killer la nuit. Et entre les deux, c’est un type qui galère avec ses émotions, qu’il simule mieux que les sourires de ses collègues. Parce que voilà, Dexter est… disons "émotionnellement limité". Il ne ressent rien, ou presque, mais il a une soif inextinguible de sang, qu’il canalise grâce à un joli code hérité de son père adoptif, Harry, qui lui a appris comment tuer "bien" (ou du moins, le moins mal possible).
Là où Dexter brille, c’est dans cette tension permanente entre le "héros" que vous êtes censé soutenir, et le tueur en série qu’il est vraiment. Vous vous retrouvez à croiser les doigts pour qu’il ne se fasse pas attraper, tout en réalisant que vous soutenez un gars qui transforme sa table de salle à manger en salle d’opération illégale. La série vous balade habilement entre ces deux pôles, avec un charme macabre qui rappelle que la morale, dans ce show, est aussi flexible qu’une corde de violon.
Dexter lui-même, incarné par Michael C. Hall, est un modèle de calme olympien avec un petit sourire en coin. Il jongle avec ses obligations sociales (être un bon petit copain, un bon frère, et un collègue modèle) tout en maîtrisant l’art du camouflage émotionnel. Il feint la normalité mieux qu’un caméléon sur un mur beige, tout en déversant ses pensées les plus sombres en voix off, un monologue intérieur qui oscille entre réflexions philosophiques et remarques mordantes. Vous l'entendrez expliquer calmement comment il va démembrer quelqu'un, tout en vous demandant comment il pourrait "mieux" s'intégrer dans la société.
L’univers de Dexter, c’est un Miami ensoleillé, mais sous ces couleurs vives se cache une obscurité latente. Ce contraste entre le décor idyllique et les crimes atroces renforce cette dichotomie entre le Dexter "social" et le Dexter "serial". Chaque épisode est une danse sur un fil tendu, entre enquête criminelle classique et session nocturne de "nettoyage". Et bien sûr, le suspense repose sur une question fondamentale : combien de temps Dexter pourra-t-il continuer à jongler entre ses deux vies avant que tout ne s’effondre ?
Cependant, si Dexter accroche avec ses premiers meurtres (qui seraient presque "satisfaisants" à regarder, oui, ça paraît bizarre), la série peut parfois tomber dans une certaine répétition. Les saisons s'enchaînent et on se demande souvent comment Dexter parvient encore à passer entre les mailles du filet, sans que ses proches ne le démasquent. Ce qui est fascinant au début — voir un tueur s’en sortir à chaque fois avec panache — peut devenir un peu lassant à force. On finit par se dire : "Bon, cette fois, il va bien se faire attraper… non ?".
Les personnages secondaires, comme Debra Morgan, la sœur de Dexter, apportent de l’humanité à cette équation macabre. Deb, avec son langage coloré et son franc-parler, est le parfait contrepoids à la froideur clinique de Dexter. Mais à mesure que les saisons progressent, certains arcs narratifs peuvent donner l'impression d'être là pour prolonger l'inévitable, plutôt que d'apporter un vrai développement.
En résumé, Dexter est une série qui explore les tréfonds de la moralité tout en vous faisant aimer un personnage que vous devriez détester. C’est une expérience étrange, dérangeante et parfois même un peu jouissive de voir ce sociopathe fonctionner comme une machine bien huilée, tout en sachant que la moindre erreur pourrait le faire tomber. Entre les scènes de crime, les réflexions existentielles et les sourires crispés de Dexter, cette série offre un cocktail sanglant qui reste fascinant… mais avec quelques redondances qui rappellent que même les meilleurs tueurs finissent par se répéter.