Tu ne peux rien face à mon scénarium !

Notez qu'à chaque fois que je parle de la VF il faut penser à la VA aussi, bien entendu, ensuite, puisque je ne peux pas écrire une critique de cet animé sans spoiler absolument tout, voici un petit extrait du deuxième épisode pour cacher les spoils :

"Mimi : Toi tu ressembles à une plante
Palmon : J'en suis une ! Je peux même faire de la photosynthèse !
Mimi : Cool ! Vas-y !
Palmon : Hum... tu sais ce qu'est la photosynthèse ?
Mimi : Ah... non...
Palmon : ... moi non plus..."

Maintenant que ça, c'est fait, l'on peut passer à la critique. Digimon Adventure est un dessin animé "pour enfant" dans lequel l'on suit les aventures des huit digisauveurs :Taichi (Tai dans la VF), Yamato (Matt), Takeru (T.K.), Koushiro (Izzy), Joe, Mimi, Sora et Hikari (Kari), accompagné par leurs amis digitaux, respectivement : Agumon, Gabumon, Patamon, Tentomon, Gomamon, Palmon, Piyomon (Biomon dans la VF) et Tailmon (Gatomon), dont le destin est de sauver le monde digital des ténèbres qui l'envahissent. Pour cela, ils ont les objets sacrés, les digivices, qui leurs permettent de se digivoluer pour devenir plus fort, même si cela n'est que temporaire.

Je dois l'avouer, digimon ça fait parti des animés dont j'avais de bons souvenirs d'enfance... jusqu'à ce que je le revois. Fade, vide, sans intérêt, cet animé, je l'ai réellement détesté, or, j'avais entendu dire que c'était à cause de la VF qui détruisait une œuvre pour le moins intéressante et dont la qualité, en VOSTFR, était largement suffisante pour justifier un deuxième visionnage de ces 54 épisodes. Alors, au final, est-ce vrai ?

Oui, cent fois oui, j'ose même dire que tous ceux de ma génération, qui ont grandi avec la VF, devrait regarder ne serait-ce que le premier arc de cet animé en VOSTFR (même si malheureusement, la seule VOSTFR trouvable n'est pas de grande qualité : fautes d'orthographe, lettres oubliées, mots oubliés, phrases non traduites...), pas parce que l'animé est si bon que ça, mais simplement pour voir ce qu'il aurait pu être sans le massacre de la VF que l'on a eu. Pour autant, je n'encouragerai personne à se forcer à aller au-delà du premier arc. Pourquoi ?

Tout simplement parce que Digimon Adventure est avant tout une éternelle répétition d'une structure dont les ficelles se voient facilement et vieillissent bien vite : un des héros est en danger, son digimon se digivolve pour la première fois et tape le méchant, voilà, fin. Cette structure, vous la retrouverez dans l'écrasante majorité des épisodes et si le premier arc s'en sort bien avec des digivolutions sympa et, à défaut d'avoir du suspens, au moins une ambiance et des musiques qui permettent de ressentir des émotions, au bout de la dixième copie carbone, je n'en dirai pas autant du reste. Le dernier épisode de l'arc Devimon (le premier arc) reste mon épisode préféré de l'animé, peut-être parce que ceux qui suivent sont ceux que j'ai le plus détesté.

En effet, durant le second arc, l'arc Etemon, les enfants doivent trouver leurs symboles, des items permettant à leurs digimons de passer au niveau ultime (j'y reviendrai plus tard), le tout sur un continent entier. Des symboles sacrés potentiellement surpuissants cachés sur un continent ? Bien sûr, ils doivent à des lieux de culte ou au moins, à des lieux importants n'est-ce pas ? Non. Si le symbole du courage (celui de Tai et donc, par extension, d'Agumon) est au fond d'une grotte porteuse d'une prophétie pour un village de Koromon (la pré-digivolution d'Agumon), ce qui est tout à fait logique, ce n'est pas vraiment le cas des autres : le symbole de Joe est littéralement par terre au pif, celui de Mimi est sur un cactus. En trois épisodes, tous les symboles sont expédiés, on sent que les auteurs n'avaient pas vraiment d'idées pour cet arc-là, et c'est une bonne chose vu que le méchant, Etemon, une fusion entre un singe et Elvis, est particulièrement peu charismatique.

Passer derrière ça, c'est compliqué, et c'est donc logiquement que la routine "un épisode égal une nouvelle digivolution" passe beaucoup moins bien lorsqu'elle reprend avec le troisième arc qui possède pourtant mon méchant préféré de cet animé, à savoir Vamdemon (l'un des seuls digimons que je vais continuer à appeler par son nom français, à savoir Myotismon, simplement pour ne pas le confondre avec Vademon, qui est appellé comme ça en VF et en VO d'ailleurs), qui se permet de refuser la solution simple d'un bain de sang simplement parce que ça ne colle pas avec son esthétique. Bad ass le vampire. Avec ce troisième arc, qui semble déjà tirer en longueur, viens s'ajouter le faiseur d'incohérence : Tailmon (Gatomon), j'en reparlerai plus tard, mais surtout Gennai, le vieux qui sait tout mais ne dit rien parce qu'il est vieux. La fin, à la "vieille prophétie de 5000ans" n'est pas à la hauteur de mon vampire préféré, mais je n'ai pas grand-chose à ajouter pour l'instant.

Le quatrième et dernier arc, l'arc des Maîtres des Ténèbres, est le seul à ne pas avoir le symptôme de "si le méchant avait attaqué tout de suite plutôt que d'attendre vingt épisodes en lançant ses sbires, il aurait gagné, mais il ne l'a pas fait donc il a perdu" (l'arc Etemon ne compte pas, vu qu'il se fait battre par un de ses sbires, raisons de plus pour être un méchant solitaire) et nous propose quatre grands méchants uniques et intéressants, mention spéciale à Pinnochimon (Puppetmon) qui utilise un flingue et donne une mitrailleuse à Takeru (T.K., c'est-à-dire le plus jeune membre du groupe) ce à quoi je ne m'attendais pas du tout vu l'univers de digimon (l'épisode a été massacré par la censure d'ailleurs).

Pour autant, ce dernier arc cristallise un autre des défauts de cet animé : cet animé met en place des règles pour justifier son histoire, règles qu'il contredit trois épisodes plus tard. Par exemple, pour ce qui est des niveaux (qui vont dans cet ordre-là : bébé, entraînement, disciple, champion, ultime, méga) il est dit que les digimons des digisauveurs deviennent de plus en plus forts ce qui justifie le fait qu'ils arrivent à tenir tête à des digimons de niveau supérieur dans le dernier arc (des digimons de niveau ultime ne gagnent que parce qu'ils sont plus nombreux face aux digimons des digisauveurs seulement au niveau champion) or... trente secondes après il est dit qu'ils n'ont aucune chance s'ils ne sont pas au même niveau que leur adversaire, avant finalement qu'un digimon ultime des digisauveurs ne tue un digimon méga en une attaque. Illogique vous dites ?

À côté de ça, il y a notre faiseur d'incohérence : avant d'être un digimon de digisauveur, Tailmon (Gatomon) était un digimon champion tenant tête aux sept autres (rien que ça !), puis finissant par s'aligner sur les autres digimons malgré la différence de niveau : Tailmon (champion) n'est pas plus puissant qu'Agumon (disciple) et Angewomon (ultime) n'est pas plus fort qu'Angemon (champion) et est très largement inférieur à HolyAngemon (MagnaAngemon dans la VF, de niveau ultime et donc, censé être de niveau égal à Angewomon), et d'ailleurs, Angemon botte le cul de Devimon qui a écrasé du bout du petit doigt sept digimons champions (les six autres, puisque Tailmon n'est pas encore là, plus Leomon) et HolyAngemon peut enfermer Piemon (Piedmon) et ainsi le battre en une seul attaque alors même que celui-ci a battu sans problème deux digimons mega cinq minutes avant !?

À quoi ça sert d'avoir des niveaux, donc une manière objective de comparer les digimons si finalement, ça ne sert à rien ? Ce n'est pas comme s'il y avait un système d'avantage / désavantage du type (à la pokemon), vu que la seule et unique fois qu'on voit un système de ce genre c'est la puissance démesurée des digimons "divins" (Angemon, HolyAngemon et Angewomon) face aux bad guys, le reste ça se limite à du lore (WarGreymon a une attaque anti-dragon, or il n'en combat pas un seul, Garurumon a une fourrure aussi dure que le Mythril, ce qui ne sert à rien vu que le Mythril est une légende). De la même manière, Koushiro (Izzy) apprend petit à petit à reprogrammer le monde digital (digimonde dans la VF), pour autant, il ne l'utilise jamais à son avantage. Pourquoi ?

Alors certes, les méchants ne font rien pour être méchants (sauf Myotismon) et donc c'est pas comme si on attendait de qu'il fasse quoi que ce soit, mais quand même. Rajoutez là-dessus les têtes à claques (Mimi et Palmon) et vous obtenez un animé qui est non seulement répétitif, incohérent, mais aussi, parfois énervant, dommage. Dommage parce que l'univers aurait pu être intéressant, et au moment d'écrire cette critique je n'ai vu que Digimon Adventure, donc je ne sais pas s'il est réellement utilisé à fond dans les suites, mais cette première saison me laisse clairement sur ma faim.

Pour autant, il faut le dire : la VO a des musiques géniales, une ambiance vraiment bien et c'est sans doute mon côté "je veux que tout soit cohérent" et la qualité de la VOSTFR qui m'ont détruit mon expérience. C'est un animé intéressant que je ne peux que conseiller à tout le monde, en tout cas pour son premier arc, le reste... c'est plus compliqué.

D'ailleurs, avant de partir, parlons de la VF. Quand Digimon Adventure est répétitif et incohérent, mais dispose d'une bonne ambiance, d'un univers plein de potentiel, de personnages quand même très intéressants et de moments vraiment fort en (chocolat) émotions, la VF réussie à être longue et c'est déjà beaucoup demander (mention spéciales : la première digivolution de Gabumon en Garurumon, le dernier épisode de l'arc Devimon et le dernier épisode de la saison, tous les trois quand même assez géniaux en VO et chiants au possible en VF).

Entre les blagues non nécessaires (la VO sait quand blaguer et quand ne pas le faire), l'omniprésence des dialogues, les personnages dont le caractère a été massacré (en VO, Joe est le plus vieux de la bande, il sent qu'il devrait être le leader, mais est beaucoup trop timide pour ça et donc il panique, en VF c'est un hypocondriaque chiant, même chose pour Mimi qui passe de jeune fille effrayée à jeune consommatrice en manque de nouveaux magasins), les musiques abominables par rapport à la VO, les voix abominables par rapport à la VO, le rapport enfant-digimon massacré (ce sont des amis dans la VO, la seule à dire "je suis ton digimon" c'est Palmon dans l'avant-dernier épisode et c'est justifié, dans la VF le digimon est un outil de l'humain) et, de temps en temps, la censure qui vient transformer des bad guys (Myotismon, Puppetmon et Apocalymon en particulier) en méchants de dessin animés, supprimer des attaques (DemiDevimon balance des seringues dans la VO) ou simplement changer des points de scénarios pour rendre le tout plus "child-friendly" (Vamdemon tue des gens, Myotismon, sa version VF, les envoie dans sa prison; les morts de la VO sont en réalité simplement transmis sur un autre ordinateur dans la VF...), on en arrive en fait à avoir un animé profondément différent de l'original.

À tel point qu'à mes yeux, Digimon : Digital Monsters, l'adaptation américaine et par extension la VF, est à considérer comme un animé à part, qui n'est pas une adaptation de Digimon Adventure ou en tout cas, ne mérite pas ce titre : ni l'univers, ni les personnages, ni aucun des bons côtés de Digimon Adventure n'est présent dans Digimon Digital Monsters et bien des défauts de Digimon Digital Monsters n'étaient, eux non plus, pas présents dans Digimon Adventure. Autrement dit, pour conclure en me répétant, la VOSTFR mérite votre attention, la VF par contre est à oublier.

7/10 pour le premier arc, moins deux points parce qu'il ne représente même pas le quart de l'animé et que le reste enchaîne entre des épisodes chiants et, de temps en temps, de trop rares moments réellement bons, donc 5/10.