Cette dernière décennie a vu une croissance exponentielle des «docus-crimes», narrant des faits et parfois prenant part eux-mêmes à l'enquête. Cet essor a été permis notamment par la liberté financière et artistique des plateformes de streaming en ligne (notamment Netflix).
Cependant, là ou la plupart des docus-crimes racontent (parfois avec brio) de sordides affaires de meurtres, de viols et autre ignominies du genre humain, «Don’t fuck with cats» véhicule un réel message au spectateur avide d'actes cruels.
«Don’t fuck with cats» raconte l’affaire du dépeceur de Montréal, Luka Rocco Magnotta. De son passage d'un tueur de chatons sur internet au meurtre, filmé, d’un être humain. Pour cela, le documentaire se concentre sur la «radicalisation» du tueur et des internautes qui, bien avant le meurtre, avaient signalé sa potentielle dangerosité.
Au-delà de cette histoire sordide, «Don't fuck with cats» interroge sur la notoriété que procure ces actes. Leurs auteurs pouvant y trouver, comme dans le cas de Luka, une possibilité d'exister. Et, par extension, notre rôle en tant que spectateurs, nous qui raffolons de ce genre de récit. Une fois l'affaire résolue, ne faut-il pas ignorer ces crimes plutôt que de s'indigner en vain? Ou pire, notre curiosité n'est elle pas profondément malsaine? Ce message donne une profondeur au documentaire qui ne se limite pas à énumérer des faits, mais possède un parti pris que l’on peut, même si on ne le partage pas, admirer.
Si on lui reconnaît son message original pour un docu-crime, «Don’t fuck with cats» pêche néanmoins par sa durée, trois épisode d’une heure limitant la possibilité de raconter l’ensemble de l’affaire (notamment l’après) laissant chez le spectateur un sentiment d’inachevé. On peut espérer qu’une nouvelle saison parviendra à combler ce manque, mais il est permis d’en douter.