Saison 1
Downton Abbey part d’une idée pas nécessairement palpitante : les problèmes de famille d’une famille noble anglaise au début du siècle passé. Pourtant c’est le casting démentiel – avec sa fraicheur et son charme anglais – qui fait toute la différence. Pourtant dans son développement, Downton Abbey est ce qu’il y a de plus manichéen : les intrigues parfois niaise se suivent, les personnages sont ou tout bons ou tout mauvais, avec parfois quelques exceptions, et finalement on commence à se demander comme on fait pour aimer ceci alors que personnellement, je fais parti des premiers à se jeter sur tout ce qui est dans ce genre là. Mais c’est l’interprétation absolument parfaite du casting, et surtout un scénario qui est au final en or – des personnages qui si ils font parfois dans la caricature sont très attachants. Le superbe thème principal et les décors fabuleux, ainsi que la reconstitution magnifique de l’époque font que Downton Abbey fascine – cette sorte de nostalgie, à travers ces réformes sociales et ces guerres font qu’on ne décroche plus.
L’intrigue est pourtant très simple, ne partant jamais dans des délires de complots à la Game of Thrones ou Mad Men mais restant dans le posé, le calme. On se repose devant Downton Abbey tant la combinaison de fraicheur et de classicisme réussi du tout vous captive tout le long. On prend plaisir à voir Maggie Smith dans autre chose qu’un Harry Potter (ce qu’elle avait essentiellement fait ces dix dernières années) et tout le casting est dans la même interprétation théâtrale à l’anglaise que l’actrice. Le tout étant légèrement entaché par quelques évènements bateaux un peu prévisibles.
La conclusion de la Saison 1 laisse présager une Saison 2 néanmoins nettement plus sombre – ce qui nous rappelle à noter que la connexion faite fréquemment avec l’histoire est toujours très appréciée. Si le manichéisme trop important – comme déjà dit – et la niaiserie de certains passages peuvent un peu rebutés les moins habitués au style british d’entre nous, on prend quand même grand plaisir devant cette saison 1, qui au régime de sept épisodes (avec une intro et une conclusion donnant des épisodes d’une heure – carrément !) en tout et pour tout n’est certes, pas la meilleure série du moment, mais se classe parmi les curiosités à ne pas louper, tant le soin donné à tous les détails et l’interprétation haute en couleur de la plupart des acteurs donnent parfois l’impression de se retrouver face à un film.
La bande-originale est elle aussi très réussie – et si ce n’est pas du Djawadi ni du McCreary, on prend plaisir à chaque fois à écouter en entier le générique. Concluons sur la version française – que j’ai été obligé de prendre pour cette saison 1 (je devrais notamment gouter à la saison 2 en VOST) – qui est somme toute plutôt réussie. Les doubleurs s’en sortent très bien et on reconnait nombres de voix habitués au grand écran ce qui n’est pas pour nous déplaire – un doublage de qualité donc, même si l’origine anglaise de la série devrait forcément obliger chacun de la regarder en VO. Malheureusement, des fois on n’a pas le choix – et c’est donc pour dire à tous ceux qui sont dans le même cas que moi de ne pas faire l’impasse, on prend tout autant notre plaisir à la regarder en français. Pas de problème là-dessus.
En somme une première saison qui est une réussite – hâte quand même de voir la saison 2 qui a d’avantage divisée les critiques. A noter enfin que si elle n’impressionne pas non plus, j’ai l’étrange impression que Downton Abbey m’a plutôt marquée. Ça reste effectivement un très bon moment passé et malgré les défauts, c’est du très bon.
★★★★★☆☆☆☆☆
Saison 2
Triste constatation. Quand on dit qu’une série peut, d’une saison à l’autre, avoir une différence qualitative, c’est vrai. La première saison de Downton Abbey était réussie - sans pour autant atteindre des sommets, son script passionnant et la majestuosité de la plupart des interprètes avait vite fait de nous faire oublier quelques moments un peu pathos. Alors que la saison un avait pour cadre le naufrage du Titanic, cette saison deux se concentre sur les conséquences de la première guerre mondiale sur les occupants de Downton. Un tel contexte impliquait un univers d’avantage mature et sombre - malheureusement, si quelques scènes de guerre viennent intercouper la série, on a le droit à un flot énorme de bons sentiments. Tellement que ça en devient gerbant.
Oui, car entre la vieille (pas Maggie Smith hein, je parle de la mère de Matthew) qui est encore plus présente à l’écran que dans la première saison (et c’est dire que c’est un personnage absolument insupportable), le fait que toutes les jeunes filles de la maison se prennent soudain la vocation d’aider les blessés de guerre, que les scènes de « Je t’aime. - Je ne t’aime plus. » s’enchaînent à un rythme décapant, on finit par se demander : le scénariste lui aussi ne serait-il pas mort de la grippe espagnole ? Les acteurs eux aussi sont en perte de rythme : on a toujours plaisir à voir Maggie Smith dont chacune des interventions est un régale (le « On ne s’ennuie jamais dans cette maison. » et la scène où elle parle du choléra dans un bal masqué à Paris m’ont bien fait rire), sans compter l’apparition de Iain Glen, qui pour ceux qui l’ignore, n’est autre que le Jorah Mormont de Game Of Thrones, mais à part ces deux acteurs, c’est sidérale comme les acteurs sont moins convaincants. Oh si, y a bien Branson (nom du personnage - j’ignore celui de l’acteur) autour duquel tourne une intrigue vraiment passionnante, et c’est malheureusement la seule.
Le scénariste semble effectivement se perde dans des multitudes de sous-intrigues, parfois amoureuses, parfois faussement contextuelles, et qui finissent par lasser - c’est toujours la même rengaine, amour impossible et cie. Et là où la première saison envoutait par son charme et la simplicité de son intrigue (les sous-intrigues étant justement peu nombreuses et ne se chevauchant pas trop - ici c’est tout l’inverse), et finalement j’ai passé les trois derniers épisodes en vitesse accélérée (merci VLC), si bien que j’ai compris l’intrigue et à peu près tout mais le reste m’avait tellement dégoûté que m’ennuyer d’avantage devant encore trois épisodes d’une heure ne m’entraînant guère. Car il faut dire que si on laisse une chance à cette saison deux pour les premiers épisodes, l’absence d’amélioration sur la fin nous énerve et l’après-épisode cinq est insupportable.
Une question me vient à l’esprit désormais : oserais-je tenter la saison trois ? Peu probable pour le moment. Surement vais-je tenter l’épisode de Noël sorti peu après cette saison deux, apparemment riche en révélations (tout est relatif), mais j’attendrai surement les retours pour la suite. En tout cas, je fais une pause. Je me suis enchaîné les deux saisons en moins d’une semaine donc c’est vrai que le fait que je sois sevré peut se comprendre - et je comprends aussi que certains aient put apprécier cette seconde saison. Moi pas, je ne m’étais pas autant fait chier devant une série depuis un bout de temps - faut dire aussi que mon choix à ce niveau là s’est amélioré. En espérant que j’oublie vite ces 7h30 qui auront été très longues.
★★☆☆☆☆☆☆☆☆
Saison 3
Malgré ses travers, la saison 1 de Downton Abbey était tout juste assez distrayante pour passer un moment agréable à suivre les pérégrinations de la famille Crawley, bousculée par la mort de leurs principaux héritiers dans le naufrage du Titanic. Mais rapidement, la série avait trouvé ses limites dans une saison 2 mièvre, niaise et insupportable qui avait su, elle, dégoûter votre humble serviteur du show de Julian Fellowes pendant de nombreux mois. Dur de s'y remettre, à la fois craintif de retrouver la niaiserie latente qui fait à la fois défaut et le charme de la série, mais aussi intéressé par des critiques qui semblaient souligner une saison 3 nettement plus intéressante que sa prédécesseur.
Là où les deux premières saisons prenaient chacune un événement historique majeur du début du XXème siècle comme point de départ (le naufrage du Titanic et la Première guerre mondiale), il est nettement plus difficile de déceler un élément déclencheur narratif précis dans cette troisième saison. La décadence de l'aristocratie britannique ? Probable, mais c'est peu clair. Dans tous les cas, on s'intéresse toujours à la vie, aux amours et aux désillusions des nobles et des domestiques dans un contexte social en mouvance complète.
Les premiers épisodes de cette saison 3 ne sont guère intéressants : peu d'enjeux, du moins ces derniers se limitent aux mésententes des domestiques et à la célébration d'un mariage que l'on voit venir depuis le premier épisode de la série. Puis arriva l'épisode cinq, très réussi et qui donne à cette nouvelle saison une once de tragédie qui évite intelligemment les sentiments trop simples. Un épisode qui par la même occasion redistribue les cartes et donne à la série de nouvelles couleurs, qu'elle va exploiter à merveille dans la deuxième partie de saison. On regrettera juste un "Christmas Special" (devenu une habitude de la série), certes intéressant, et au cliffhanger assez surprenant, mais clairement en-dessous de ce qui l'a précédé.
Mieux écrite, avec des personnages qui deviennent plus ambiguës, Downton Abbey surprend dans une saison qui se classe sans problème comme la meilleure à ce jour. Il reste cependant du travail, notamment du côté du casting. Car si certains acteurs sont excellents (Maggie Smith en tête, chacune de ses répliques est un délice, mais aussi Rob James-Collier, Allen Leech et même, à la rigueur, Dan Stevens), d'autres sont tout bonnement catastrophiques (Elizabeth McGovern est nulle, un surjeu ridicule et des expressions faciales terrifiantes, mais aussi Michelle Dockery, qui en plus de se coltiner le personnage le plus vide de sens et d'intérêt de Downton Abbey se permet de jouer comme un élément du décor).
Cette saison 3 de Downton Abbey est au final une réussite. C'est toujours bourré de défauts pour n'importe qui osant prendre un peu de recul, c'est toujours plus mièvre que la moyenne... Mais les multiples arcs narratifs déployés sont nettement plus intéressants à suivre qu'auparavant, évitant certains lichés et n'hésitant pas à détruire (un peu) l'image de marque de certains de ses personnages de marque (j'attends toujours que tout le monde découvre qu'en faites, Bates c'est un dangereux psychopathe... En tout cas le personnage de Ed Speelers n'a pas tort : Bates c'est un peu le mec qui marche sur l'eau de Downton Abbey, infaillible en tout points, ça en devient agaçant). Les amateurs adoreront, ceux qui (comme moi) avaient de grosses réserves sur la saison 1, et encore plus sur la saison 2, seront agréablement surpris. Certainement pas mémorable, mais passionnant.
★★★★★★☆☆☆☆