Funny how ?

Je me posais la question, en regardant cette série assez catastrophique enchainer les paresses et facilités d’écriture, si sa production avait ne serait-ce qu’une seule ambition esthétique quelle qu’elle soit. Quel est le projet artistique de ses auteurs ? Connaissant la valeur ajoutée qu’on attribue en général aux séries par rapport au cinéma, on pourrait se dire que l’écriture scénaristique, art infiniment mineur mais voilà, y serait plus poussée et plus complexe, mais c’est truffé de ficelles et de retournements des plus périmés et invraisemblables.

Alors on envisage la possibilité d’une valeur documentaire, sociale, sur le milieu du stand-up qui serait permise par la longue durée mais non plus, tout n’est qu’effleuré et sert d’arrière-plan à des histories de sentimentalisme terriblement cul-cul.

La psychologie alors ? Les nœuds psychologiques que peut engendrer ce métier sont passionnants, mais ne sont pas visiblement dans les moyens de la série, où les personnages sont des blocs monolithiques qui ne sont pas définis par les situations du récit mais qui promènent avec eux l’ensemble de leurs traits de personnalité sur le dos d’une scène insignifiante à l’autre, y compris sur scène, où les sketchs ne sont là que pour faire avancer le récit et à continuer à constituer les blocs monolithiques. Alors que par exemple, la géniale série de Louis CK avait exploré la passionnante hypothèse de l’existence autonome du corps en stand-up par rapport à la vie habituelle, les deux coexistant non sans paradoxes, comme par exemple celui où le bon humoriste peut être parfaitement sinistre et pas drôle dans la vie, alors que là tout est d’un simplisme consternant.

Quant à l’ambition politique, faut même pas s’attarder dessus quoi … c’est tellement stupéfiant de sympatocherie idyllique sur la société contemporaine que j’ai sincèrement envisagé pendant quelques secondes une sorte de contenu ultra-subversif au troisième degré … mais bon il faut s’y résoudre, ce courant politique paradoxal existe et cette série en est peut-être le manifeste : la bien-pensance radicale.

Sinon on peut toujours se raccrocher à l’ambition comique, c’est toujours ça de pris, mais on va vite finir par tomber (ah j’aurai pu écrire des vannes pour les comiques en question tiens).

Et bon finalement j’ai fini par trouver. Cette série (comme d’autres) n’a pour ambition que d’être vaguement en continuité de ce que la société produit de plus banal en termes de représentations collectives, sur le stand-up, sur les problèmes sociaux, sur le contemporain … pour les recracher à cette même société qui pourra alors trouver ça digeste, dans un vase-clos de représentation d’un monde très schématique réduit à des théories de scénario, que les séries rendent de plus en plus étroit à mesure qu’on les regarde.