Escape at Dannemora est une mini-série qui nous rappelle que la réalité dépasse parfois la fiction, surtout quand elle se pare de combinaisons de prison orange et de relations ambiguës entre des détenus et des employés du pénitencier. Réalisée par Ben Stiller (oui, celui qui vous a fait rire avec Zoolander, mais qui ici troque le regard "Blue Steel" pour un réalisme saisissant), cette série nous entraîne dans l’histoire vraie d’une évasion de prison à la fois fascinante et dérangeante.
L’intrigue suit Richard Matt (Benicio Del Toro, plus inquiétant qu’un chat qui vous fixe la nuit) et David Sweat (Paul Dano, qui porte la sueur comme personne), deux détenus décidés à se frayer un chemin vers la liberté. Pour cela, ils s’allient à Tilly Mitchell (Patricia Arquette, méconnaissable et magistrale), une employée de la prison dont la vie monotone se voit soudainement transformée en un scénario de thriller digne de Netflix.
Le gros atout de Escape at Dannemora ? La tension, qui monte lentement mais sûrement comme une pâte à pain bien travaillée. L’atmosphère est pesante, et chaque plan vous rappelle que la moindre erreur peut tout faire basculer. Si vous pensiez que creuser un tunnel sous une prison n’était qu’un truc de dessin animé, cette série vous fera reconsidérer votre point de vue. Les détails du plan d’évasion, la psychologie des personnages et les relations complexes entre eux sont traités avec un réalisme qui donne des sueurs froides (ou, devrais-je dire, des Sweat froids).
La série ne se contente pas de dépeindre l’évasion comme une course effrénée ; elle explore aussi les motivations de chacun. On découvre l’ennui étouffant de Tilly, coincée entre une routine ennuyeuse et un mariage qui semble avoir été scellé dans l’indifférence. Ses interactions avec Matt et Sweat ne sont pas seulement calculées ; elles sont l’expression d’un besoin profond de sentir que la vie a encore des surprises, même si celles-ci se cachent derrière des barreaux.
Visuellement, la série nous immerge dans le quotidien froid et austère de la prison, contrastant avec des flashbacks en extérieur qui rappellent aux personnages (et à nous) la beauté presque ironique de la liberté. On ne peut pas non plus passer sous silence la performance de Patricia Arquette, qui a dû non seulement porter des vêtements de prison peu flatteurs, mais aussi incarner un personnage tout en nuances – à la fois victime de sa propre vie et actrice de sa chute.
Le rythme, il faut le dire, n’est pas celui d’un blockbuster estival ; c’est une montée lente, presque méditative. Si vous aimez l’action à la chaîne et les courses-poursuites effrénées, vous pourriez trouver la série un peu trop posée. Mais pour les amateurs de tension psychologique et de réalisme brut, c’est du pain béni. Ben Stiller, dans un registre inattendu, prouve qu’il est capable de diriger une série aussi dramatique que poignante, loin des grimaces de comédies passées.
Les personnages secondaires apportent leur lot de complexité, qu’il s’agisse des collègues de Tilly qui sentent qu’il se passe quelque chose mais qui ne mettent jamais le doigt dessus, ou du mari de Tilly, Lyle, qui, malgré son air un peu perdu, montre à quel point la routine peut rendre aveugle.
En résumé, Escape at Dannemora est une exploration fascinante de la liberté et de la captivité, où la frontière entre victime et coupable se brouille constamment. C’est la série qui prouve que la vérité est parfois bien plus étrange et palpitante que la fiction. Et si jamais vous vous demandez pourquoi certains plans semblent s’attarder sur un mur humide ou une simple cuillère, c’est que chaque détail, aussi anodin soit-il, cache une pièce du puzzle qui rend cette évasion aussi captivante qu’inimaginable.