LE RaTé dU mONDe !
L'HOMME ! Il est né en Afrique...un comble, au milieu de scorpions et d’animaux féroces de toutes espèces. Savez-vous comment j’appelle l'HOMME ? Le raté du Monde. Voilà le seul nom qu’il mérite...
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le 16 sept. 2022
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Malheureusement le format de ce site ne me permet pas de publier une proposition de mes réflexions critiques avec des références historiques précises sur nombres de points abordés ou au contraire au sujet de ceux éludés par Raoul Peck dans son entreprise de vindicte et de mise à l’index. Je le regrette car j’aurais souhaité le partager et connaître les avis à son sujet – sans passion, sans préjugé – juste dans le but de connaître et apprendre et donc se comprendre dans une humanité respectueuse, sévère mais juste.
En tout cas pour faire simple, cette œuvre audiovisuelle qui aurait pu être passionnante et avoir de nombreuses vertus éducatives dessert au final les thèmes qu’elle prétend traiter alors même que les sujets qu’elle aborde sont d’une très grande importance, effroyables et légitimement condamnables. L’œuvre n’est en somme pas à la hauteur des thèmes et de leurs enjeux sociaux et historiques.
Par exemple, le traitement visuel et intellectuel, qui est empreint de confusion, de déni, de révisionnisme, d’approximations et d’amalgames, me fait m’interroger sur la réalité de ce « miracle » terme laudateur dont Raoul Peck ose crânement qualifier son œuvre. Cela détériore également toute légitimité à employer le qualificatif de « film documentaire », et nous pousse à se fixer sur ce que devraient être les attributs d’une telle œuvre et de ses nécessités et exigences minimales.
En particulier, mélanger des faits historiques les uns et les autres d’une manière approximative ou manipulatrice avec, de surcroit, des images chocs extraites d’œuvres de fictions diverses (dont certaines hollywoodiennes sont plus que fantaisistes et certainement sans valeur de preuve historique), mépriser la chronologie, faire fi de la rigueur scientifique, éluder ou se tromper lourdement sur des notions culturelles et historiques, ont pour conséquence au global de faire perdre à cette œuvre toutes vertus éducatives et scientifiques que nous serions, triste public de « ceci », en droit d’attendre – légitimement – surtout pour de tels sujets.
Si je partage évidemment avec la plupart des spectateurs l’indignation et la condamnation de tels actes que sont le colonialisme et l'esclavage et si, en outre, je comprends la forte émotion que les sujets peuvent légitimement soulevés de prime abord, je me dois cependant de prendre du recul et analyser plus finement le propos de Raoul Peck dans son œuvre audiovisuelle que je ne peux malheureusement pas considérer comme une « œuvre documentaire » et encore moins de sérieuse et honnête. Évitons de nous faire manipuler par des manipulations émotionnelles et un chantage moral - surtout que l'auteur a l'habilité de ne pas toujours affirmer les choses franchement mais clairement mais de sous-entendre ou de laisser un doute sur le moment - qui disparait après de multiples répétitions allusives au cours des 4 heures qui ne sont plus des hasards ou des erreurs "involontaires".
Le sujet et l'émotion provoquée par des images et des musiques quelque peu tordues et manipulées ne suffisent pas à rendre son traitement légitime par eux-mêmes. Il faut un traitement sérieux, objectif (le plus possible) et conforme à une approche scientifique – et non un épanchement sentimental ou subjectif ou alors dans ce cas, éviter de prétendre qu’il s’agit d’un travail documentaire et donc scientifiquement élaboré.
Si la plupart des spectateurs pensent encore qu’il s’agit dans cette œuvre de parler de l’humanité dans sa globalité, ce qui le serait à juste titre tout à fait légitime, cela n’est pas le propos réel de l’auteur. Il ne faut pas être dupe de son dessein. À cet égard, il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas le comprendre à force de répétitions et de "tours et astuces" comme de mensonges accumulés pendant près de 4 heures. Raoul Peck est encore habile pour nous dérouter et nous faire croire de la pureté de ses intentions et de son traitement de l'histoire.
Par bienveillance intellectuelle à l’égard de Raoul Peck et surtout en raison de l’émotion que suscite les abominations qu’il dénonce (à juste titre et parfois la honte ressentie par une partie du public), on lui prête plus qu’il n’offre lui-même. En effet, il faut scruter précisément les propos de Raoul Peck qui, en réalité, ne parle pas d'une critique générale de l’humanité et de ces « vices et défauts en particulier » qui conduisent l’Homme (le « genre humain ») à recourir à la violence, la rapine, l’impérialisme, la guerre et l’esclavage parmi tant d’autres crimes, mais constitue plutôt d’un réquisitoire orientée seulement sur l’unique faute quasi-biologique de l’ « homme blanc » qui a commis tant de destructions et de péchés à l’égard de tous ceux qui ne seraient pas « blancs », ceux-ci étant, au contraire, génétiquement bons et innocents par ailleurs. Que de sinistres généralisations et essentialisations...venant d’un autre que Raoul Peck, cela aurait été scandaleux et à juste titre, la presse aurait été critique et aurait crié au racisme. Mais en plus Raoul Peck laisse souvent planer des sous-entendus, ce qui lui laisserait l'échappatoire de rétorquer que l'on aurait mal compris ou mal interprété. Cette astuce lasse à force de récurrence et au cumul ne laisse plus place à aucun doute.
En effet, Raoul Peck explique à répétition et lourdement que l’ « homme blanc » (sans nuance aucune et exclusivement, sachant même que cette notion est inepte tant d’un point de vue biologique que culturel ou sociologique – pour ne pas dire honteuse d’un point de sémantique) par sa prédation naturelle, coupable et unique, celui-ci a détruit la paix et l’harmonie que connaissait le reste du monde « non-blanc » avant son arrivée dévastatrice.
On croirait lire l’ouvrage Systema naturae (1735) de Carl Linné, qui fut l’un des premiers scientifiques à tenter de classer rationnellement l’ensemble des êtres vivants. Sa proposition fut de distinguer au sein de notre espèce humaine l’ « homme blanc » (Europeaus) (avec un « esprit aiguisé et inventif, doux, gouverné par les lois »), le « rouge » (Americanus) (un être « obstiné, joyeux, libre, respectueux des coutumes »), le « jaune » (Asiaticus), (un individu « hautain, avare, sévère, gouverné par ses opinions », et le « noir » (Africanus), (un individu « rusé, indolent, négligent, gouverné par son caprice ou par la volonté de ses maîtres »). Cette proposition choquante n’est cependant pas strictement raciale car les critères de cette classification sont plutôt fondés sur des éléments culturels que biologiques, ce que Raoul Peck ne prend pas le soin d’expliquer dans son œuvre ; il est vrai qu’il semble plutôt en reprendre les mécanismes à son compte quand il parle de l’ « homme blanc » (au moins culturellement si on veut, encore une fois, par un doute extrême et bienveillant, lui accorder un tel crédit et ainsi de ne pas le considérer tout simplement comme raciste lui-même).
Personne n’a-t-il rien à y redire ? Visiblement pas la presse à une seule exception.
Le terme même de « suprématie blanche » est employé à tort et à travers, sans aucune mise en perspective historique et contextualisation. Cette utilise vise bien à mettre sans discernement sur les épaules de toutes et tous, du moment qu’ils furent ou soient « blancs » la réprobation et le dégoût que tout à chacun peut avoir vis-à-vis de ce terme qui a charrié parmi les pires expériences humaines : le nazisme, le Ku Klux Klan, l’Apartheid. Raoul Peck fait de cet « homme blanc » l’inventeur exclusif du mal, du vice, de la guerre et ses massacres comme de l’esclavage et ses horreurs. C’est bel et bien ce qu’il soutient à répétition pendant 4 heures. C’est pourtant totalement faux : cette accusation (légitime par la réalité de ses phénomènes monstrueux) doit se trouver généralisée à l’ensemble de l’espère humaine, et notamment Homo Sapiens (attitude destructive qu’il a eu également contre les autres espèces humaines dont il a participé à la disparition comme d’une partie de la faune et de la flore).
Mais encore une fois, on refuse de croire par sympathie qu’il soutient un tel argumentaire simpliste et fallacieux du fait de cette bienveillance intellectuelle à son égard et de la gravité des sujets. On se dit ce n’est pas possible d’être aussi simplificateur et pour « blanc » on pense « humanité » pour corriger son tir. Pourtant c’est le cas, il ne faut pas lui accorder une exagérée bienveillance vis-à-vis de ses propos, qui sont au final distordus comme on peut le lire dans la presse – quoique fussent l’importance et la gravité des thèmes traités, comme la lourde culpabilité des élites politiques, religieuses et commerciales du passé. Ces thèmes méritent mieux que ce travestissement et ce réquisitoire très « eurocentré ».
Critiquer ses propos n’est pas vouloir absoudre ou nier les horreurs commises par les nations occidentales dans leur époque impérialiste à l’encontre de nombreux humains de cultures et de religions différentes. Et critiquer n’est pas considérer bien sûr que les fautes des uns ne compensent pas ou ne justifient pas les fautes des autres commises par ailleurs. Il ne s'agit même pas de faire une comptabilité macabre ou de stigmatiser qui que ce soit. Juste être honnête sur notre passé commun, notre humanité commune : les contributions de chaque « groupe humain » au malheur de millions d’individus qui faisaient aussi parties de ses groupes. Recourir au concept de domination et lutte des classes seraient une des approches possibles et certainement plus pertinente qu’un critère racial (déjà en lui-même inepte notamment d’un point de vue biologique ou culturell), de toutes façons fluctuant et grossier.
Sous un prétexte d’un tabou ou du spectre présent d'une pseudo moralité rendant intouchable toute expression contraire, Raoul Peck ne peut éloigner les critiques et ne peut pas non plus faire l’impasse sur tout le reste de l’humanité et son histoire dans le but unique de servir son argumentaire à n’importe quel prix : à savoir, d’une première part, de démontrer ses propos de vindicte et de mise à l’index de l’ « homme blanc » et d’une second part, de tenter d’absoudre d’autres humains « non-blancs » (pour reprendre son manichéisme racialiste pour ne pas dire raciste) de tout défaut ou vice comme s’il y avait des « bons » d’un côté et des « mauvais » par nature de l’autre. Le reste de l’humanité n’aurait connu aucune histoire, aucun trauma, aucune révolution, aucune violence, aucun crime entre (-) 300 000 av. JC et le Moyen-Âge (occidental) qui sert arbitrairement de point de départ temporel à l’explication de Raoûl Peck.
Une telle entreprise audiovisuelle mélange tout et n'importe quoi comme des équivalents à l’appui d’images choc et le plus souvent d’œuvres de fiction très contestables en plus. Il n’y a même pas de comité scientifique ou de références faites à des historiens sérieux et reconnus.
Certes on peut apporter évidemment un éclairage dissident ou grinçant – mais ne pas tordre les faits ou les éluder par pur aveuglement ou entreprise idéologique.
Raoul Peck ne partage pas un point de vue sérieusement et objectivement argumenté comme on lui accorde encore par bienveillance. Des pans entiers de l’histoire de l’humanité sont passés sous silence. Comme indiqué précédemment, je peux en proposer la démonstration sur nombre de points mais malheureusement le format de ce site ne me permet de publier mes propositions de réflexion.
Il nie même la notion d’humanité en utilisant des concepts ineptes de « races » ou de jugement manichéen les « bons » et les « méchants » reposant sur une essentialisation « blanc » et « non-blanc » comme une empreinte génétique et donc indélébile et transmissible de culpabilité de générations en générations.
C’est ainsi malheureux de faire fi de l'universalité de l’être humain qui, quel que soit ses origines, sa culture, sa religion, a pu commettre des atrocités à l'égard de son semblable même le plus proche mais, qui a aussi su réaliser de belles œuvres et des actes généreux à l’égard de cet « autrui » même plus lointain. Il n’existe pas de responsabilité intergénérationnelle et perpétuelle pour des faits anciens. Il n’existe pas de responsabilité collective basée sur des critères d’appartenance religieuse, ethnique, biologique, culture, présumé à tort ou à raison. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et ses suites ont posé des principes heureusement différents et progressistes pour abolir ses critères d’un temps passé que Raoul Peck essaie de faire renaître (il n’est malheureusement pas le seul à le faire et ce tout aussi communément constaté dans des courants politiques que pourtant tout pourrait opposer). Devenons-nous laisser Raoul Peck rétrograder ou nier de tels principes au prétexte que des horreurs ont été effectivement commises dans le passé par des nations occidentales ?
Et puis le dominé de ses nations fût-il « blanc » est-il responsable héréditairement de ce qu’a commis le dominant il y parfois des siècles en arrière ? Cette idéologie de Raoul Peck est évidemment inepte et racialiste, voire raciste en niant que tout autre peuple ou nation « non-blanche » ait pu commettre des horreurs au moins comparables.
Aussi, Raoul Peck ne peut se parer des vertus de « prophète », de « sage » et d’antiraciste, car il en fait la démonstration contraire. Il a même l’arrogance de qualifier son œuvre comme un « miracle » qui révélerait des faits que nous ignorions ce qui lui est facile d’affirmer en niant totalement tous les ouvrages, toutes les recherches en matière historique de référence depuis plusieurs décennies qui ont pourtant bel et bien dénoncé et établi les faits effroyables de la colonisation et de la traite occidentales. C’est ignoré encore les pages des livres d’histoire dans nos collèges et lycées qui en traitent.
Non Raoul Peck ne révèle rien de nouveau ce qui serait volontairement ignoré par les « vainqueurs » comme il le soutient. Ce qui constitue seulement sa marque « innovante », c’est son explication « essentialiste » au sujet du « continuum » d’horreurs et malheurs provoqués exclusivement par son fameux « homme blanc ».
Malheureusement encore, en procédant ainsi, il dessert l’objectif d’une œuvre qui aurait pu être intéressante et éducative car devant être sérieuse et honnête ; Ce n’est pas servir justement les causes qu’il dit défendre de prime abord.
Est-ce une façon honnête d’éveiller les conscience et intelligence des jeunes générations ? Certes non, l’émotion fait plier la vérité et la réflexion. Les risques : une radicalisation, mauvaise conseillère et une contre-réaction sous forme de boomerang. Une vision globale et objective s’impose. La simple vérité n’est-elle pas déjà lourdement suffisante même si elle est complexe ?
Créée
le 8 juil. 2022
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