Andy Millman est un quarantenaire ventripotent, un petit gros, n'ayons pas peur des mots. Et avec ça il n'est pas vraiment grand le loustique, court sur patte serait le terme clinique approprié. Beau ? Non il ne l'est pas non plus. Bon avouons qu'il trimbale tout de même un truc assez magnétique mais ça n'en fait certainement pas une gravure de mode. Célèbre ? Non plus... On le voit bien apparaître auprès de monstres sacrés du cinéma comme Samuel L. Jackson, Kate Winslet et j'en passe, cela ne fait pourtant guère de lui une superstar. Voyez-vous, l'ami Andy aimerait bien jouir d'une célébrité basée sur son travail d'acteur, que le public lui reconnaisse enfin un talent, une force insoupçonnée derrière ce physique ingrat. Andy a beau se perdre en de grandes espérances, il n'en est pas plus un acteur. Oh ça il aimerait bien l'être et que l'on considère avec l'égard que cette fonction suggère, mais Andy n'est que figurant. Un si grand talent gâché en de petites scénettes sans dialogues, ce que la vie peut être cruelle...
D'un porteur de caisse du XVIIIe au soldat nazi en passant par un tas d'autres rôles obscures, Andy cavale de plateaux en plateaux sans jamais désespérer, non, c'est un tenace notre Andy. Beaucoup auraient abandonnés et s'en seraient retournés à pratiquer tout autre métier que ce soit, pas lui. Lui sait que quelque part sa place l'attend, que le succès va poindre et qu'il faut bien quelqu'un pour l'attraper en plein vol avant qu'il ne se s'évapore sur le sol.
Dans son aventure que quelques langues de pute trouveront vaine, Andy n'est pas seul. On ne pourrait pas dire que le bougre est bien accompagné mais au moins il n'est pas seul, c'est déjà ça. Il y a Darren, son agent, ce taré d'agent avec ce regard à te faire espérer de ne jamais l'avoir comme compagnon de cellule. Qu'on se le dise, Darren est une grosse bille, un naze de compétition, le type d'agent qui t'enfonce plus qu'il ne t'aide. Brave homme que voilà chez qui l'unique qualité serait sa taille démesurée (à vrai dire à côté d'Andy tout le monde parait plus grand donc bon on ne va pas aller vérifier...). Dans un tout autre style nous avons Maggie, ah...la charmante Maggie. Elle non plus n'est pas très jolie, assez mignonne tout au plus. Célèbre elle ne l'est pas davantage que son compère Andy, c'est le lot du figurant moyen. Pourtant au delà de son apparente insignifiance, de son esprit lunaire, de ses étourdissements et autres perles truculentes, Maggie est une très belle personne ; le genre de nana que l'on aime à garder près de soi et sur qui on pourra toujours compter. Et pour compter, Andy et Maggie comptent l'un pour l'autre comme deux âmes sœurs qui s'ignorent...ou deux supers potes selon votre niveau de romantisme. Ensemble ils vont viser le même but : se sortir de la merde qu'est leurs vies. Advienne que pourra...
Extras est de ces séries que tu termines en hâte parce que, ouais elle est facile mais c'est extra donc tu t'enfiles les épisodes un à un plus vite que des tic-tac, des cacahuètes ou que sais-je encore, selon ce que vous bouffez. Treize épisodes ça passe vite, très vite, trop même. A peine as-tu le temps de commencer à t'attacher aux protagonistes et à leurs verves qu'il faut déjà les laisser s'éloigner et s'habituer à ne plus les entendre dans le secteur. Bien heureusement Extras est également de ces séries que l'on peut regarder à nouveau, une fois, deux fois, mille pourquoi pas ; de quoi tenir tout une vie ou un siège culturel en cas de blizzard. Car Extras, plus qu'une série tordante remplie de bonnes répliques et d'attachants (mais très maladroits) personnages, c'est l'audace de son scénario qui prévaut : en utilisant notamment un nombre incroyable de guests en totale autodérision, Extras nous plonge dans une caricature du milieu cinématographique, des sitcoms et des affres de la célébrité...
Et tout cela tient en seulement treize épisodes, me direz-vous ? Ce à quoi je répondrai que l'on arrive bien à faire entrer autant de génie dans le petit corps de Gervais, donc oui. Je ne pourrai que trop vous conseiller cette fantastique série (grand merci à SmileShaw) à l'humour ravageur sans être forcé, ce petit bijou, ma foi, trop méconnu.