Episode 1. Envie de crever. J'ai eu l'impression d'assister à une adaptation de Fallout 3, avec Todd au scénario, à base de "je dois braver le Wasteland pour sauver mon papa", saupoudré de fan service facile, et réduisant les icônes de la franchise à des gimmicks répétitifs complètement vidés de leur substance.
Hé bien, mea culpa. Figurez-vous que ça devient pas si mal ensuite, et que la tournure de l'histoire remet pas mal de choses en perspective.
*Vraiment*, si vous n'avez pas aimé le premier épisode, je vous suggère fortement de persévérer. En plus, ça se passe sur la West Coast.
Les personnages s'épaississent. On suit différents groupes, avec des objectifs qui se recoupent, mais aux intérêts parfois radicalement opposés. Les bonnes idées s'enchaînent, les bonnes scènes aussi.
Le casting principal est relativement réduit. On a un Clint Eastwood brutal et détestable par sa cruauté et son apparente sociopathie (le Clint de ses films les plus durs, pas les "gentils" comme le Bon, la Brute et le Truand) en la personne de Cooper Howard, une goule avec un aspect... un peu cheap, et avec un accent redneck à couper au couteau. On a une habitante d'Abri naïve (et un peu toquée), qui découvre le monde extérieur, et s'endurcit par la même occasion. On a un écuyer de la Confrérie de l'Acier, frôlant la mort au sein de ses propres rangs. Et ce petit trio qui n'en est pas un fonctionne franchement bien.
Est-ce une bonne série ? Franchement, oui. Les réalisateurs ont réussi à créer quelque chose d'assez unique, qui ne ressemble pas à une énième série post-apo, qui parvient plutôt bien à rétranscrire son univers et ses codes, qui raconte une histoire originale (on ne suit pas simplement Ellie et Joel...), et qui arrive à avoir une bonne mise en scène, sans ressembler à du Sucker Punch.
Ma seule préoccupation réside dans le fait que la série n'est, à mon avis, pas très accessible à ceux qui ne connaissent pas déjà Fallout. Mais au moins, on ne se tape pas deux heures d'exposition sur la Confrérie. Et le fait de suivre deux temporalités (le présent, et 200 ans auparavant) permet divers rebondissements. On se surprend à soutenir des personnages que l'on détestait quelques épisodes avant.
Est-ce une bonne adaptation de Fallout ? Encore une fois, j'ai envie de dire oui, même si je peux comprendre les réactions épidermiques des anciens fans. Il doit y avoir autant de visions (et de souvenirs) des deux premiers Fallout, qu'il y a de fans pour l'exprimer.
Mais pour moi, Fallout, c'est surtout :
- Un univers post-apocalyptique impitoyable inspiré de Mad Max,
- Une uchronie rétrofuturiste centrée sur les Etats-Unis, et leur vision individualiste, impérialiste, et capitaliste,
- Un monde où différentes factions s'affrontent violemment, avec des scènes de gore totalement banalisées,
- Un récit de conflit et parofis d'entraide, où les bons samaritains peuvent aider des communautés,
- Une écriture cynique, utilisant massivement des inspirations de la propagande de guerre des années 60,
- Un peu de tout cela à la fois, et plus encore, avec des dégradés variables en fonction des jeux.
Et pour le coup, et bien... c'est bien plus péchu, courageux et intéressant que n'importe quel Fallout façon Bethesda.
Par contre, avec le destin de Shady Sands, et la dernière scène sur le Strip, je me demande si les showrunners n'ont pas l'intention de littéralement raser tout le travail scénaristique de Black Isle et d'Obsidian... On verra bien.