Pour faire simple et en une phrase : Fleabag c’est une énorme claque. Deux saisons, 12 épisodes, deux jours et un pot de Haagen Dazs plus tard je digère lentement la qualité de cette série, le pot de Haagen Dazs aussi.
Pour commencer il est impossible de parler de Fleabag sans parler de Phoebe Waller-Bridge, Showrunneuse, scénariste, créatrice et actrice principale de la série. J’ai découvert Phoebe comme beaucoup dans la génialissime série Broadchurch ou elle tient solidement un rôle secondaire ou son jeu et son faciès anguleux atypique avaient titillé ma curiosité. Des rumeurs la pressentaient pour jouer le 13e docteur et l’idée me plaisait... Elle refait surface dans mes mentions à la suite de l’immense succès qu’ont connu ses deux séries en cours Killing Eve et bien sûr : Fleabag.
La série suit les canons anglais de la BBC en termes de format avec des saisons à peu d’épisodes : 6 de 25 minutes. Outre-Manche on préfère la qualité à la quantité et c’est tant mieux (sérieusement je n’en peux plus des saisons interminables de 23 épisodes).
L’intrigue suit ‘’Fleabag’’, Londonienne de 33 ans, dans sa vie et ses relations tumultueuses principalement familiales et amoureuses/sexuelles. La ou la série se démarque c’est par son ton, trash, cynique, et avec une irrévérence si distinctive de l’humour anglais. On suit sans filtre les nombreuses errances sexuelles et relationnelles de Fleabag. Celle-ci brisant régulièrement le 4e mur pour nous faire part de ses commentaires bien sentis sur la situation à la manière d’un Frank Underwood dopé au sarcasme.
Et c’est là qu’intervient le premier point important : l’écriture. Phoebe Waller-Bridge est une scénariste et dialoguiste de talent. C’est immensément drôle, les répliques font mouche et sonnent juste. Et au-delà de l’humour, la série aborde des termes extrêmement lourds : la dépression, l’addiction, le deuil, le sexisme. Phoebe Waller-Bridge rentre dans cette catégorie d’artiste comme Bo Burnham ou Noah Baumbach qui sont capables de me faire rire et pleurer en même temps, m’éclairent avec humour sur la vacuité, la mélancolie et la tristesse inhérente à l’existence humaine. Le changement de ton est toujours fait intelligemment et les cassures sont rares.
Note : La série a également une dimension féministe importante toujours visible uniquement grâce à la qualité de l’écriture. Les rapports et les interactions entre les personnages masculin et féminin sont presque affreusement réalistes et font un excellent portrait du sexisme ordinaire et de la culture du viol.