Il y a les séries que l’on regarde d’un œil un peu détaché, de loin, en s’ennuyant. Et puis il y a celles que l’on dévore, scotché au double face devant son écran. Fleabag est évidemment à ranger dans la deuxième catégorie, tant le sujet est maîtrisé de A à Z.
Malgré un pitch initial pas spécialement original, la série prends immédiatement une tournure atypique, que ce soit par sa réalisation ou par son écriture. On s'étonne même de la rapidité avec laquelle on plonge dans la vie déjantée et étonnamment vécue de la brillante Phoebe Waller Bridge.
Formidablement interprétée, on se surprend presque à vouloir être à la place de cette jeune femme londonienne - pourtant engluée dans une impasse sociale tortueuse - qui affronte la vie avec un humour et un second degré presque pathologique. Et que dire des autres protagonistes, brossés au vitriol, qui soufflent constamment le chaud et le froid. L’ensemble forme une véritable fresque humaine qui ne ressemble que trop à la réalité à laquelle, pourtant, nous nous attachons naturellement.
Si le scénario nous mène petit à petit vers un monde où la névrose est reine et où les traumatismes sociaux enveloppent tous les personnages, le ton général reste étonnamment léger, sans tomber dans le superficiel. À l’image de son personnage principal, la série traite le dramatique par la comédie, sublimée ici par l’inimitable humour anglais, mais aussi, et surtout, par l’intelligent brisement du 4ème mur qui nous offre un sarcasme aussi inattendu que savoureux.
La direction que prend celui-ci dans la saison 2 est aussi comique que dramatique et place les jalons d’une fin sincèrement réussie. D’abord employé dans un but humoristique (génialement comique devrais-je dire), la relation personage-spectateur nous emporte jusqu’au final en apothéose où nos sentiments ont des airs de montagnes russes, propulsées par un discours de fond diablement intelligent.
Côté réalisation, on retiendra surtout le premier épisode de la saison 2 qui est, selon moi, un modèle de montage tant en termes de rythme que de placement de caméra. Par cette gestion, on nous invite au plus près des personnages et, dans cet épisode, on nous permet de capter tout les détails d’un huis clos savoureux - bien que dramatique - où les acteurs composent une partition tout bonnement parfaite.
Bref vous l’aurez compris, j’aime un peu beaucoup Fleabag qui m’aura fait vivre, en à peine 6 heures, tout le panel d’émotion possible. Douce-amère, la série oscille constamment entre pleurs et sourires et dépeint avec brio les aléas de la vie. Je ne peux que vous la conseiller vivement, tandis que, personnellement, j’attends avec impatience le nouveau projet de Phoebe Waller Bridge.
(Regard, et sourire caméra).