Deux ans après avoir réalisé le film, portant le même nom, Peter Berg va s'occuper ensuite de la série télé Friday Night Lights, mais cette fois dans le Texas de 2006, dans une ville fictive nommé Dillon.
Ses habitants ne vivent que pour le football, au point que chaque jour de match, le vendredi soir, la ville se presse au stade pour voir évoluer les lycéens, sous l'égide du nouvel entraineur, Eric Taylor.
Dans ma critique du film, je revenais sur le fait que le football américain pouvait être une distance pour nous français, mais là, il est presque secondaire dans la série, car elle se concentre sur les personnages, et il faut dire qu'ils sont tous formidables. Comme tout le monde, ils ont leurs qualités et leurs défauts, mais on s'attache à eux, car à travers le football, c'est aussi la promesse de décrocher une bourse pour une université et qui sait de jouer en NFL pour certains. Mais pour tous, la clé pour leur avenir se trouve dans ce ballon ovale. Mais le meilleur personnage est à mes yeux le coach Eric Taylor, très bien joué par Kyle Chandler, qui est un modèle d'être humain ; sévère mais juste, paternaliste, toujours derrière ses joueurs pour les motiver et donner le meilleur d'eux-mêmes. Il est également une sorte de mentor pour ces garçons, souvent issus de modèles défavorisés, aux côtés de son épouse Tami (Connie Britton), qui sera au départ une conseillère d'orientation, puis proviseure du lycée Dillon. On sent que c'est un couple qui s'aime, qui se respecte, qui se donne l'un à l'autre pour réussir dans leurs carrières, et qui ont une fille, Julie, dont ils vont se rendre compte un peu tardivement qu'elle n'est plus une adolescente mais qu'elle devient peu à peu une femme.
Difficile de revenir sur l'ensemble des personnages, mais celui qui m'a le plus touché est un jeune homme nommé Matt Sarracen, qui va gravir les échelons de l'équipe alors qu'il n'était que remplaçant et va prendre une place de plus en plus importante, y compris dans le cœur de Julie. Il faut dire qu'entre son père parti en Irak, sa mère à qui il ne parle plus et sa grand-mère qu'il s'occupe seul alors qu'elle a les prémices de la maladie d'Alzheimer, il va murir plus vite que ses autres camarades. Il y a aussi cet espoir de l'équipe nommé Jason Street qui va devenir paraplégique à la suite d'un accident pendant un match et qui va se battre pour retrouver son autonomie, même si c'est en fauteuil roulant, et se créer un avenir.
Il y a aussi l'excellente musique, dont le générique signé Explosions in the sky, et la réalisation avec une image 16mm qui donne un sentiment de prise sur le vif. D'ailleurs, c'est Peter Berg qui a signé l'épisode pilote. Enfin, l'idée de génie de la série va être, en quelque sorte, de tout faire redémarrer à zéro avec la saison 4, et la disparition d'une grande partie des joueurs précédents, partis à l'université, pour que Eric Taylor crée une nouvelle équipe à partir de rien, avec à leur tête un nouveau quaterback joué par Michael B.Jordan.
A part les deux-tiers de la saison 2, avec un meurtre inutile dans l'ambiance de la série, je trouve qu'elle s'est remarquablement tenue tout au long des 76 épisodes, jusqu'à un final magnifique, qui est une véritable conclusion, et on finit par dire, bouleversé, au revoir à ces personnages aussi attachants. Friday Night Lights est une série qui n'a pas très bien marché, mais dont son incroyable succès critique lui a permis d'arriver à cinq saisons et à son auteur de la terminer comme il voulait.
Peter Berg a réussi à mettre un doigt sur le pouls de l'Amérique profonde, celle qui rêve la tête vers le ciel, à l'aide d'un homme : le coach Taylor !