Days of our laughs
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le 6 mai 2020
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Friends, diffusée en 1994 sur NBC, c’est le rêve éveillé de tout millennial : une bande d’amis qui traîne dans un gigantesque appartement new-yorkais qu’ils ne peuvent visiblement pas se payer, où chaque journée est rythmée par des rendez-vous au Central Perk, le café le plus fréquenté par des gens qui ne semblent jamais travailler. La série suit les péripéties amicales, amoureuses, et surtout absurdes de six personnages hauts en couleur, chacun plus névrosé que le précédent, mais toujours incroyablement attachant.
Ross, l’archéologue de service, est l’incarnation du romantique un peu trop intense, prêt à ressasser la moindre histoire d’amour et à donner à chaque relation la gravité d’une expédition archéologique. Il nous offre les grandes sagas de “Rachel ou pas Rachel”, de “faut-il encore ressusciter le couple ou partir en fouillant des ruines ?” Et parlons de Rachel, celle qui commence comme une princesse de banlieue qui fuit son mariage, et qui finit par être LA copine stylée du groupe. Son évolution professionnelle dans la mode est sans doute l’un des rares aspects où elle paraît réellement adulte… entre deux séances de chialage sur son ex.
Chandler est le roi de la répartie, le champion de la blague autodestructrice, celui qui est incapable de répondre à une question sérieusement sans ajouter une touche de sarcasme digne d’une thérapie. Il incarne parfaitement le trentenaire maladroit, enchaînant les relations ratées jusqu’à l’inévitable romance (et colocation) avec Monica, la maniaque du ménage qui pourrait bien être la première influenceuse "organisation intérieure" avant l’heure. Son aspiration à la perfection (des placards au mariage) donne au groupe un leader silencieux qui impose les règles d’une organisation souvent déstabilisante, avec des post-it et un planning de ménage.
Phoebe, l’excentrique avec un passé digne d’un polar, est sans doute le personnage le plus étrange du groupe. Elle passe son temps à chanter des chansons aux paroles incompréhensibles, à donner des conseils spirituels de manière totalement aléatoire, et à semer le chaos avec une simplicité déconcertante. Si vous pensiez avoir des amis bizarres, rappelez-vous que Phoebe croit en la réincarnation, lit les auras, et porte la guitare comme une arme redoutable de dissonance musicale. Et Joey… ah, Joey ! Il est l’acteur raté, le séducteur sans subtilité, mais aussi l’ami le plus loyal. Si son intelligence est parfois aussi légère que ses intrigues amoureuses, il est le symbole du comique bon enfant, celui qui peut dire les choses les plus stupides sans jamais vraiment être jugé pour.
Le décor principal de la série – le légendaire Central Perk – est le QG où ils débattent de leurs petits et gros soucis comme s’ils n’avaient jamais entendu parler de "privacy". À ce stade, le café devrait avoir une plaque à leur nom, tant ils y passent du temps à décortiquer chaque événement de leur vie, de la couleur d’un pull à des questions existentielles sur l’amour. Les canapés semblent presque appartenir aux Friends, et les autres clients donnent l’impression de simplement venir faire de la figuration dans cette sitcom grandeur nature.
L’humour de Friends est basé sur des gags récurrents qui sont devenus de vrais classiques : les sarcasmes de Chandler, les "We were on a break!" de Ross, les "How you doin’?" de Joey, et les lubies ménagères de Monica. Chaque épisode est une série de situations improbables qui montrent que l'âge adulte est plus une série de faux pas qu'une histoire de maturité. Malgré leurs âges qui avancent, les Friends semblent à peine vieillir mentalement, ce qui les rend à la fois hilarants et attachants. Ils ont un don pour transformer des conflits mineurs en drames nationaux, et chaque nouvelle romance, chaque rupture, devient un feuilleton que le public adore suivre.
Visuellement, la série respire les années 90 avec ses looks typiques, ses décors colorés, et son univers new-yorkais qui semble avoir été conçu dans un studio (ce qui est vrai, mais shhh). Les looks sont aussi iconiques que les personnages eux-mêmes, et les fans peuvent instantanément identifier la coupe "Rachel" ou les vestes oversize de Chandler. C’est un monde où les fringues sont aussi emblématiques que les intrigues amoureuses, et où chaque accessoire (du canard de Joey aux tasses géantes du Central Perk) est devenu un symbole pop.
En conclusion, Friends est bien plus qu’une simple série : c’est une ode à l’amitié, au sarcasme, et à la procrastination. C’est le guide des relations amoureuses compliquées, un manuel de survie entre potes, et un hymne au fait que devenir adulte est une farce permanente. Entre les blagues légendaires, les amours contrariés, et les dramas de colocataires, cette série est un rendez-vous feel-good qui prouve qu’avec assez de café et d’amis, on peut survivre à toutes les crises existentielles.
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il y a 2 jours
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