Il y a des oeuvres qui sont poignantes. Il y a des oeuvres qui émeuvent. Il y a des pièces d'art qui vous changeront à jamais.
Gintama ? Rien de tout cela. Gintama, c'est un manga dessiné par un gorille qui cache son manque d'inspiration en faisant des blagues meta sur son manque d'inspiration. Le tout agrémenté de caca pour faire passer la pilule (ledit caca étant soigneusement censuré, Japon oblige). Gintama, c'est donc profondément génial.
Oubliez tout ce que j'ai dit. Concrètement, Gintama est un tour de force : un anime (oui, je parlerai essentiellement de l'anime) de comédie à petit budget (ou du moins présenté comme tel) qui sait tout faire, littéralement. En un épisode, vous passez du dégoût total au rire dément pour finir par pleurer comme une madeleine (PANDEMONIUM-SAAAAAAN!). Et vous ne savez pas pourquoi. Nan parce que de l'extérieur ça a l'air bien naze : c'est bien simple, de l'épisode 1 à 265, la bande-son n'a jamais changé (hormis openings et endings évidemment, oscillant du médiocre à la très grande qualité), et il a fallu 200 épisodes pour que l'on passe enfin au 16:9. Ce sont aussi les champions du recyclage, d'ailleurs. Le nombre de scènes réutilisées, ça ferait passer les combats de DBZ pour du Picasso. Et pourtant ça marche, et pas qu'un peu.
Je vous laisse savourer le pitch : l'ère Edo s'achève, le pays des samouraïs est enfin tiré de sa politique isolationniste par l'envahisseur... mais oui vous savez bien, par les Amantos bien sûr, les extra-terrestres. Révisez un peu vos livres d'histoire. Donc, en pleine période de changement, les samouraïs ont bien du mal à trouver leur place dans la société: certains entrent en résistance, tandis que d'autres repartent dans l'anonymat. C'est le cas de Sakata Gintoki, qui se lance en tant que freelancer. Et voilà. Et c'est n'importe quoi.
Il faut au premier épisode pas plus d'une trentaine de secondes, si mes souvenirs sont bons, pour sombrer dans le plus profond bordel. À partir de ce moment, ça n'arrête plus: jouant sur tous les tableaux, partant d'un scénario qui est plus une blague qu'autre chose, Gintama nous éclabousse de ses délires tous plus transgressifs les uns que les autres. C'est bien simple, dès le deuxième épisode, le résumé de l'épisode précédent est brutalement interrompu par Gintoki, qui décide que ça ne sert à rien de raconter ça. Le quatrième mur, bien vite, n'est que ruine, Et les personnages s'amusent à modifier la diffusion et le fonctionnement de l'anime. Un jour l'opening n'est pas diffus de tous l'épisode, pour être ajouté à la fin après que les personnages s'en rendent compte et tentent de rattraper la sauce. La fois suivante, openings et endings sont inversés. Ou un détail louche est rajouté. Ou tout ça est interrompu. Une des blagues récurrentes d'ailleurs est le plan fixe: le jeu est alors de meubler cinq minutes d'épisode pour économiser sur les coûts de production. Le studio se fout littéralement de la gueule des téléspectateurs, qui en redemandent. C'est du n'importe quoi permanent.
Mais ce n'est qu'une part de tout ce qu'a à offrir la série. Tous les personnages sont plus drôles les uns que les autres, et chaque épisode contient son propre délire, parfois totalement différent de tout ce qu'on nous a montré jusque là.
Mais on finit par se dire que ce n'est que de l'humour. Mais non. C'est alors qu'on vous balance un épisode complètement larmoyant, le genre de truc qui ferait pleurer une statue, là, comme ça, presque négligemment. J'ai pleuré comme un bébé sur le destin d'un chien-parasite extraterrestre dictatorial qui voulait vivre plus longtemps que son maitre. Oui. Je l'avoue sans honte. Gintama me fait chialer sur des conneries, et sans se forcer encore bien.
Cela dit, n'est-ce qu'une parodie d'anime ? Que nenni ! La trame principale, bien diffuse, vous tombe dessus lorsque vous l'attendez le moins. Le meilleur exemple en est l'arc Benizakura, pratiquement tombé de nulle part: vous suivez les pitreries des Yorozuya et une semaine plus tard, d'un coup, vous vous retrouvez avec un arc scénaristique épique qui met la tannée à bon nombre de shonen orientés action, le tout avec une force tranquille. C'est tout le temps comme ça. Gintama ne lasse pas, ou presque pas, parce que ça change tout le temps. Et ce qui est génial, c'est que la sauce n'est pas réellement rallongée, même dans les arcs longs.
C'est sans parler de ces running gags qui traversent toute la série pour surgir quand vous ne les attendez pas. De la légendaire réplique iconique de Katsura à... n'importe quoi d'autre, ça n'arrête pas.
Gintama, c'est une drôle d'expérience. C'est un peu comme si vous demandiez une PS4 au Père Noël, et que, la nuit du 24 décembre, vous descendiez voir votre sapin parce que vous avez entendu un bruit, et que vous tombez nez à nez avec Santa qui fait caca dans un emballage cadeau avec votre nom. Pour découvrir ensuite que les cacas Noël ont la propriété magique de se transformer en ce que vous souhaitez sans même que vous y pensiez. Et que le père Noël est en fait un samouraï aux cheveux bleu pâle permanentés accompagné d'une paire de lunettes qui parle et d'une petite fille psychopathe.
Bref, Gintama c'est vraiment, mais vraiment trop cool.