Giri / Haji apporte un peu de fraîcheur dans le paysage des séries policières qui sont souvent coincées entre les standards américains et danois. La série bénéficie d’une grande qualité technique, aussi bien dans sa réalisation que ses décors, sa photographie et son casting. L'histoire en elle-même c'est une intrigue policière intimement liée à un drame de famille, avec plusieurs familles ou couples déchirés, le tout lié par la notion douloureuse du devoir. Si cela parait classique c'est surtout l'exécution et le déroulé de l'histoire qui va la rendre captivante.
La série s’appuie sur le choc des cultures sans tomber dans l’outrancier ou le cliché : au-delà de la langue et de la culture, c’est aussi le choc culturel entre deux systèmes de police, la pègre londoniennes et les yakuzas japonais, le rapport à la famille. La série va encore plus loin avec un mélange de genres — thriller, policier à suspense, comédie dramatique sociale ; et enfin un mélange stylistique : la série regorge d'idées formelles qui peuvent paraître anecdotique mais qui alimentent une ambiance globale protéiforme comme un kaléidoscope sensoriel et émotionnel. On va ainsi mélanger les codes de réalisation du polar aux flashbacks dessinés, et même cette incroyable et assez incongrue séquence de ballet vers la fin. Tout ça créé vraiment un langage assez différent qui je pense offre sa richesse à la série.
Le format mini-série en 8 épisodes est vraiment juste qu'il faut pour à la fois développer l'intrigue et répondre aux questions sans traîner même si les épisodes connaissent parfois des baisses de rythme. L'ensemble est vraiment très plaisant à regarder et on s'attache très rapidement aux personnages que je trouve assez crédibles dans leurs failles et leurs beautés, avec un côté très humain et surtout une excellente interprétation.