"Si vous avez aimé Downton Abbey", vous ne manquerez pas d'apprécier "Grand Hotel".
Sur la foi de cette affirmation alléchante, nous voilà partis pour nous taper 5 saisons de 7 ou 8 épisodes d'environ 70 minutes chaque.
Sauf que c'est de la publicité mensongère. Le premier opus, Downton Abbey" , c'est une saga de la vie d'une grande famille aristocratique anglaise avant la première guerre mondiale. Le deuxième, "Grand Hotel' c'est une saga sur des histoires - plus ou moins policières, plus ou moins romancées - dans un grand hôtel espagnol (en Cantabrie) au début du vingtième siècle.
Le seul point commun que j'accorde, ce sont les relations entre les patrons et le menu personnel qui sont - à peu près - celles de maître à esclave (sans les sévices)
Dans Downton Abbey, le scénario est solide et bien ficelé. Dans "Grand Hotel", le scénario est "tiré par les cheveux". Pour ne pas dire complètement invraisemblable. Dès le début. Au point qu'à la fin de la première saison, je me demandais bien de quoi seraient remplies les quatre autres saisons. Pas de souci, le ou les scénaristes ont usé jusqu' à la corde le système du scénario "à tiroirs".
Parmi les points ou personnages invraisemblables, le serveur Julio qui se fait embaucher au tout début et qui sera en fait un des héros principaux. Il est embauché comme serveur dans un hôtel où la discipline est de fer et où les employés, surchargés de travail, se font rabrouer et virer pour des peccadilles. Ben, lui, le Julio, il passe son temps à glander sans que personne ne le voit. Il tombe amoureux de la fille de la patronne. Il se lance dans d'improbables enquêtes au nez et à la barbe des flics. De temps en temps, on le voit pousser un chariot pour servir. En général, pour aller retrouver la dame de ses pensées. De temps à autre le maître d'hôtel s'étonne. "Mais où est Julio" avec une réponse invariable "il fait une course pour la senora ou pour Don ..." sans véritable conséquences pour lui puisqu'il fera les cinq saisons ... Malin, hein !
Autre point où le scénario est très faible ou tellement prévisible. Pour relancer l'action ou pour faire durer le suspense, un papier compromettant est jeté à la corbeille chiffonné (pas toujours) et surtout pas déchiré en petits morceaux ou brulé. On peut être sûr à 150 % que le papier sera bien évidemment récupéré par une personne malveillante qui exercera un chantage.
D'autres invraisemblances ? On est en Espagne au début du vingtième siècle. Une chose dont je suis certain (en m'appuyant sur la connaissance que je peux avoir des mœurs espagnoles à cette époque à partir de mes lectures) c'est qu'il est impensable de voir des gens s'embrasser en pleine rue ou mieux encore, un curé faire l'amour dans un confessionnal. La série est truffée de scènes non crédibles.
Je pense aussi à la poursuite d'un homme qui se termine dans un monastère. Qui peut croire qu'on peut rentrer dans un couvent sans difficulté. Même aujourd'hui, même dans un pays aussi permissif que la France, c'est une opération impossible.
On peut s'assoir sur ce type de détail et ne s'intéresser qu'à l'action mais trop c'est trop. Le contexte historique de la série n'est pas un contexte fantastique ou de science fiction permettant toute licence ou toute invraisemblance. Ici, on est à une période précise qui impose un minimum de cohérence.
Autre chose, les personnages : la règle de base du scénario est que tous les personnages (enfin ceux qui ont une relative importance) sont pourris, tortueux, calculateurs, manipulateurs. Tous à l'exception de deux : l'inspecteur Ayala (celui qui est toujours by-passé sauf quand la situation est trop dégradée) et le serveur Andres. Pour ce dernier, on l'a affublé d'une gentillesse telle qu'elle confine juste à la connerie. Combien de fois, je me suis dit in petto à propos d'Andres "mais qu'il est con!"
Et je ne parle pas du frère (fils de la patronne) complètement dégénéré, obsédé, ivrogne, fainéant, menteur, .. J'arrête là, il me fatigue de penser à lui.
Que dire du beau Julio, le serveur qui en fout pas une rame mais qui se prend pour Hercule Poirot himself. Son air de suffisance ... Quand il se trouve dans un couloir et qu'il ne veut pas être vu, il baisse la tête et met sa main devant sa figure et plus personne ne le voit : qui peut croire ça ? Un enfant de douze ans et encore, c'est lui faire insulte ?
Eh bien au bout de cinq saisons, je peux dire que de ne voir que des malfaisants pour ne pas dire des méchants qui se révèlent régulièrement être de belles ordures, c'est vraiment lassant.
Bon, c'est vrai que je ne suis pas un grand amateur de ces séries qui n'en finissent pas et où on fait durer pour respecter un cahier des charges.
Avouons que la déception était à la hauteur de Downton Abbey qui avait aussi ses défauts mais avait le mérite de décors et de costumes très étudiés et surtout d'une histoire bien construite.
On va conclure comme sur les questionnaires de satisfaction des voyagistes. "recommanderiez-vous cet hôtel à vos amis ? Eh bien, non".