Grappler Baki, diffusé sur TV Tokyo en 2001, c’est un peu comme si quelqu’un avait mélangé Street Fighter et Dragon Ball en décidant de se débarrasser de toute trace de subtilité ou d’intrigue. Ici, pas de chichis, pas de grande quête spirituelle : juste des muscles saillants, des combats jusqu’au dernier souffle, et un héros qui a une seule obsession dans la vie – devenir le combattant le plus fort du monde. Baki Hanma, notre héros, est un adolescent mais surtout un "monstre de muscles" qui n’a qu’un but : surpasser son père, Yujiro Hanma, qui est lui-même une sorte de montagne de puissance brute, connu pour être l’homme le plus fort du monde (et aussi probablement le plus effrayant).
Ce qui frappe d’entrée avec Grappler Baki, c’est son esthétique et son ambiance qui mettent la testostérone au centre de tout. Ici, chaque personnage, même les "méchants de la semaine", ressemble à une statue de bodybuilder vivant. Les muscles sont dessinés avec un niveau de détail presque chirurgical, et les expressions faciales oscillent entre le sérieux extrême et le sourire dément de ceux qui ne vivent que pour la bagarre. On est dans un monde où la loi du plus fort est la seule qui compte, et où chaque affrontement est traité comme un duel d’honneur qui pourrait tout aussi bien être une démonstration de boucherie artistique.
L’intrigue de Grappler Baki est assez simple : Baki, le jeune prodige, parcourt le monde pour défier les plus grands combattants, tout en se confrontant aux techniques de combat les plus violentes et en accumulant les cicatrices. Il affronte des adversaires qui sont chacun plus extrême et étrange que le précédent : des champions d’arts martiaux, des psychopathes ultra-entraînés, des criminels de légende, tous prêts à tout pour prouver leur puissance. À chaque combat, les coups de poing volent, les os craquent, et le sang jaillit avec une intensité qui ferait pâlir d’envie un film de Tarantino.
Mais la série ne s’embarrasse pas de réalisme. Ici, on ne parle pas de coups de poing normaux : chaque attaque semble capable de pulvériser des murs, et les combattants subissent des blessures qui, dans n’importe quelle autre série, signifieraient la fin du combat (ou même la fin tout court). Mais pas dans Grappler Baki. Ici, les personnages encaissent tout, des fractures aux étranglements, comme si la douleur n’était qu’un léger désagrément. C’est une approche "no limit" où chaque combattant semble avoir des réserves d’énergie infinies et des os en titane.
Baki lui-même est un héros peu bavard et extrêmement concentré. C’est un ado pour qui l’expression "esprit sain dans un corps sain" a été remplacée par "corps démesuré, ambition démesurée". Son seul véritable trait de caractère ? La détermination absolue. Sa relation avec son père, Yujiro, est la seule touche de drame dans cette série de bastons : Yujiro est une sorte de père abusif version "boss final", qui considère la vie comme un champ de bataille permanent et qui voit en son fils un adversaire potentiel. C’est une relation complexe (enfin, si par "complexe" on entend "purement destructrice"), qui pousse Baki à aller toujours plus loin, quitte à risquer sa vie dans chaque combat.
Le style de Grappler Baki est résolument old-school, avec des scènes de combat prolongées, des gros plans sur des muscles qui explosent, et des ralentis pour montrer l’impact de chaque coup. Les fans d’action brute et de combats sans pitié trouveront ici un festival de violences chorégraphiées. L’animation, bien qu’un peu rigide, met l’accent sur les détails physiques des personnages, chaque veine et chaque cicatrice étant soigneusement dessinées pour rappeler que dans cet univers, le corps est une arme.
Cependant, Grappler Baki a tendance à manquer de nuance. Les épisodes s’enchaînent en suivant le schéma "défi-combat-victoire ou défaite", et si vous espériez des moments de pause ou des dialogues profonds, vous risquez d’être déçu. La série assume à fond son style ultra-violent et simpliste, et elle ne cherche jamais vraiment à explorer d’autres facettes de ses personnages. À la fin de chaque combat, les protagonistes restent les mêmes, et même les blessures semblent plus symboliques que véritablement affectantes.
En résumé, Grappler Baki est une série qui fonce tête baissée dans l’action et qui ne s’excuse de rien. C’est un hommage aux combats brutaux, aux physiques surhumains, et à l’obsession de la puissance. Si vous aimez les histoires de rivalités musclées où les personnages encaissent des coups qui défient les lois de la biologie, alors cette série est faite pour vous. Mais si vous cherchez une intrigue complexe ou des personnages qui évoluent au-delà de leur amour pour la bagarre, Grappler Baki risque de vous laisser un peu sur votre faim. Pour ceux qui veulent de l’action pure et dure, c’est un défouloir intense et sans compromis, où le mot d’ordre est simple : frapper plus fort, tenir plus longtemps, et ne jamais – ô grand jamais – montrer la moindre faiblesse.