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2008.
Première année de fac d'arts. Je découvre un nouveau monde, de nouvelles disciplines passionnantes, et de nouvelles connaissances, notamment un de mes futurs meilleurs amis. Et dans ce contexte euphorique (même si sur le moment on ne s'en rend pas compte), on lance un projet : une BD, dans laquelle on place tous nos délires et nos références, de Matrix aux films de Guerre, en passant par Evangelion et les jeux vidéo. Elle ne sera jamais terminée, ni même vraiment avancée d'ailleurs. Mais quelles belles années.


2018.
Comme un signe du destin pour fêter les 10 ans de cette époque, je tombe sur cette série animée japonaise, dont le synopsis ressemble énormément à notre projet de BD. Pas le choix, je fonce voir ça !



Des jeunes gens se réveillent dans un monde Fantastique inconnu, sans aucun souvenir de leur vie passée. D'autres personnes déjà installées depuis longtemps leur expliquent qu'ils vont devoir former des groupes, rejoindre une guilde de soldat (chasseur, chevalier, prêtre, voleur, etc), s'entraîner et améliorer leurs compétences. Leur rôle : chasser les monstres des environs pour amasser des récompenses et de l'argent. Avec celles-ci, ils pourront améliorer leur confort de vie, leur équipement, leurs compétences guerrières, ou acheter de la nourriture.



Voilà. Un jeu vidéo qui ne dit pas son nom. Au départ, j'espérais y voir notre projet prendre vie. Eeeet finalement, c'est un peu la déception. Limite la douche froide et l'arrêt brutal de mon visionnage. Déjà parce que ni le fond ni la forme ne s'approche de notre ambitieux projet d'étudiants. La mise en abîme du jeu vidéo n'est pas très subtile, l'univers assez classique, et le scénario ne semble pas particulièrement riche.


Ensuite, parce qu'une fois de plus les japonais ne peuvent pas s'empêcher de créer avec leur slip. Les premiers épisodes comptent plusieurs scènes vraiment gênantes, entre poses suggestives, tenues ultra-minimalistes, plans mettant en avant l'anatomie des filles, sans parler des scènes ou dialogues entre les personnages qui font de multiples allusions sexuelles (comparaison de la taille des seins, voyeurisme, malaise d'un perso en présence d'un autre de l'autre sexe, etc). Heureusement, ça se calme par la suite, mais sérieux, y a vraiment un truc qui cloche dans cette cul-ture japo-nènè-se (oui, y a bizarrement plein de jeux de mots à faire). J'hallucine à chaque fois. Bref. Rien de rédhibitoire, mais important de le signaler.


Au-delà de ces instants complètement hors de propos, il faut aussi reconnaître que le scénario ne vole jamais bien haut. On n'évite pas certains clichés (notamment du jeu vidéo, forcément), mais au moment où je pensais arrêter, l'anime a pris une tournure inattendue. Un élément perturbateur fort vient tout changer (voir spoiler ci-dessous si vous voulez). Oh rien d'exceptionnel en apparence, mais la façon dont il est traité ensuite m'a vraiment beaucoup plu. Allergiques à l'expression exacerbée et excessive (made in japan) des sentiments, passez votre chemin. Mais je n'ai jamais trouvé ça too-much, personnellement.


L'élément déclencheur, apparaissant à l'épisode 4/12 : un des membres du groupe passe l'arme à gauche. Tout le reste de l'anime racontera donc comment le groupe va se reconstruire et surmonter son chagrin, sa culpabilité, ses désaccords et ses faiblesses, notamment en intégrant un nouveau Soigneur, qui elle aussi porte le fardeau d'expériences douloureuses.


Au lieu de nous servir les habituelles réflexions sur "pourquoi on est ici ?", "comment on fait pour partir ?", "qu'étions-nous avant d'arriver dans ce monde ?", l'anime se recentre sur ce groupe de héros à la peine (coucou Evangelion et Blade Runner). On les voit évoluer, lentement mais surement, de façon logique et assez subtile parfois. On finit par s'attacher à eux, et à ne plus vouloir les quitter (Yume ♥).



Ainsi, ce qui semblait être un récit d'aventure geek se transforme finalement en une belle histoire d'amitié, de partage et dépassement de soi. Une aventure humaine.



Petit bémol : jusqu'à la fin, on apprendra rien sur ce monde, ce background et ce synopsis de départ qui pourtant m'intéressait beaucoup. Ce n'est pas une mauvaise chose, comme je viens de le dire. Mais un anime qui donne à ce point l'impression de "faire vivre un jeu vidéo" au travers des émotions de ses personnages, le voir se limiter à un épisode de vie relativement court, même si très intéressant, ça ne peut que laisser sur sa faim.


D'autant plus que le Jeu vidéo lui-même peine à proposer un tel niveau d'intensité dans l'action, de collaboration entre les membres d'un groupe, et de sensibilité émotionnelle. Cette recette fonctionne donc très bien en anime, notamment parce qu'elle s'appuie sur les riches mécaniques du Jeu de rôle. Mais Grimgar est trop minimaliste, trop épuré, trop court, et ne développe jamais son potentiel. Dommage. Une saison 2 en chantier peut-être...?


Un ptit mot sur la partie artistique avant de conclure : je me demande si l'anime n'a pas souffert d'un manque de moyens. On a beaucoup de plans fixes, certaines scènes ou arrière-plans sont un peu "brouillon", et il y a plusieurs longues scènes contemplatives "vides" créant des déséquilibres dans le rythme. Rien de bien méchant toutefois. D'autant que le style visuel est plutôt réussi, dans un style aquarelle sublimé par de jolis effets de lumière. On regrette donc ce manque de temps ou de budget (je suppose), parce que l'anime sait proposer de très belles choses.


Idem pour les musiques, avec une setlist éclectique, généralement de bon ton (mais pas toujours), même si elle fait parfois office de "bouche-trous" en accompagnant ces fameux plans "vides" (j'aime bien les plans contemplatifs, mais ils doivent être justifiés. Là, pas toujours). Grimgar n'est donc probablement pas un modèle du genre, mais il s'en tire très bien à mon sens. Pas de quoi vous empêcher d'apprécier le visionnage, mais de quoi donner des raisons supplémentaires de ne pas l'aimer à ceux qui n'auraient pas accroché.



Conclusion



Grimgar m'a donné envie de reprendre notre projet étudiant où on l'a laissé. De faire du jeu de rôle sur table ou de trouver LE jeu vidéo qui saura retranscrire une telle aventure manette en mains. Mais aussi de vivre des aventures bien réelles et de me dépasser. Et, surtout, de passer du temps avec mes amis, à admirer le paysage et écouter de la musique. À profiter d'une belle vie, dans l'insouciance et le partage. Et l'amour.


Je n'ai pas trouvé ce que j'étais venu y chercher, mais comme pour mes années d'université, j'en suis ressorti avec bien plus : ce dont j'avais besoin.

Exyt
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le 30 nov. 2018

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