Halt and catch Fire : press enter.
A l’image de sa brillante grande sœur Mad Men, Halt and Catch Fire est un drame sur fond historique qui prend place dans un milieu assez technique (en l’occurrence le milieu informatique). Et là… je vous sens freiner des quatre fers. Détrompez-vous, les ordinateurs n’ont jamais été aussi sexy et passionnants.
Au début des Eigthies, une petite boîte informatique, menée par un commercial aux dents longues, se lance dans le pari risqué et ambitieux de concurrencer le géant IBM en lançant sur le marché un ordinateur moins cher, plus rapide et surtout transportable.
Joe McMillan (le fameux commercial incarné par le flamboyant Lee Pace) constitue une team de choc pour mener ce combat à la David et Goliath. Il s’associe avec un ingénieur de génie mais frustré par le manque de manœuvre offert par sa boîte, Gordon Clark, et avec Cameron Howe, une jeune programmatrice tout aussi brillante mais souffrant d’asociabilité. En dépit de l’aspect hétéroclite de ce trio, ils ont en commun d’être des marginaux et de souffrir d’inadaptabilité par rapport à la société. Oui, même McMillan, le play-boy de la boîte au sourire carnassier. Ce personnage est loin d’être aussi simple que l’on pourrait le croire : visionnaire, brillant, charmant mais aussi tête brûlée, prêt à tout, inquiétant et violent. Les deux autres personnages pourraient sembler légèrement caricaturaux : le nerd barbu à lunettes respirant le manque de confiance en soi et la punkette peroxydée, il n’en est rien. Fabuleusement interprétés (girl crush sur Cameron), ils recèlent des dysfonctionnements bien plus profonds et sont en définitive très attachants et ce, en dépit de leurs défauts.
Comme vous l’aurez compris je suis ultra fan des personnages et de la distribution. Mais ils ne seraient rien sans une story line efficace.
L’intrigue assez classique dans l’imaginaire américain ( les petits vs les gros) ainsi que la thématique assez à la mode (un vent geek souffle sur l’univers des séries i.e Silicon Valley) auraient pu faire craindre à une série soit très convenue, soit obscure réservée à un public de nerds familier du langage du code et de la programmation. Pour être honnête : oui les dialogues peuvent paraître abstraits par moment (aah les joies des mégahertz, des rams…) mais on se prend très vite au jeu des revers et des petites victoires, de l’excitation qui anime les personnages et aussi à la mise en place du monde connecté d’aujourd’hui. Je trouve cela grisant de voir que ce sont quelques esprits visionnaires parfois peu soutenus et aux techniques hasardeuses qui ont réussi à créer le vaste réseau que l’on connaît aujourd’hui. Si l’entreprise est fictive on reconnaît l’état d’esprit d’Apple (personnaliser son PC, privilégier la roublardise au diplôme, les beaux discours brillants de Joe McMillan sont des hommages à ceux de Jobs.) et ça change des films un peu hagiographiques du moment.
En plus de cela, la reconstitution tant visuelle que sonore est magnifique. C’est moins graphique et léché que Mad Men mais c’est l’époque qui veut sans doute ça. La bande son est parfaite : on est loin des clichés sur la musique des années 1980 : c’est à l’image de la série pointu et tourné vers la modernité, on retrouve quelques classiques comme les Cures mais aussi des titres plus confidentiels qui flirtent avec l’électro d’aujourd’hui (pas pour rien que l’on retrouve TrenteMoller derrière le thème du générique). D’ailleurs ce dernier est éblouissant : pour moi meilleur générique de série depuis bien longtemps.