Grand fan de Michael Connelly depuis des années, j'attendais avec impatience cette adaptation des aventures de Harry Bosch. Autant le dire d'emblée, j'ai été déçu.
Ce n'est pas un foirage total, non, mais disons que la série est trop molle et que le casting laisse à désirer. Certains personnages sont assez fidèles aux romans : Eleanor Wish est ainsi apparue à l'écran telle que je me l'imaginais dans les livres, et même si j'aurais préféré qu'il soit campé par Don Cheadle, Jamie Hector a dans l'ensemble bien interprété le flic soucieux de son apparence qu'est Jerry Edgar. J'ai également apprécié les performances d'Annie "Renee Walker" Wersching et de Jason Gedrick dans leurs rôles respectifs (la bleue Julia Brasher et le psychopathe Raynard Waits). Le principal souci concerne deux personnages, et pas des moindres : Harry Bosch et Irvin Irving.
Titus Welliver est un acteur que j'apprécie beaucoup, et on voit qu'il fait des efforts pour donner de l'épaisseur à son personnage, mais son Harry Bosch est beaucoup trop différent de celui que l'on connaît depuis 20 ans. Le vrai Harry n'est pas si désabusé, et il ne passe pas son temps à incliner la tête ou à soupirer entre 2 phrases. Non, l'inspecteur du LAPD est un homme solitaire qui ne se laisse pas faire et n'hésite pas à enfreindre les règles du LAPD quand la situation l'exige. Il est arrogant et grande gueule avec sa hiérarchie, et casse-cou sur le terrain. Je n'ai rien vu de tout cela dans l'interprétation de Titus Welliver, et durant les 10 épisodes de cette première saison, j'ai passé mon temps à pester contre cet inspecteur qui n'a pas grand-chose à voir avec le héros des romans de Michael Connelly. Certes, tout n'est pas à jeter, et cela m'a fait plaisir de voir Hieronymus écouter du jazz dans sa superbe maison sur pilotis de Mulholland Drive ou passer du temps avec sa fille qu'il connaît si mal.
Irvin Irving est également une vraie déception. Où est le politicien machiavélique et insupportable des romans ? Pourquoi est-il si cordial avec son ennemi juré ? Lance Reddick n'a strictement rien compris à ce personnage, et quitte à prendre un acteur de The Wire, j'aurais personnellement choisi Isiah Whitlock Jr. (l'interprète de Clay "shiiiiit" Davis). Imaginez-le deux secondes face à un Bosch incarné par Ray Liotta… Ca n'aurait pas eu plus de gueule, franchement ?!!
Après, en ce qui concerne l'histoire, on a droit à un menu maxi best-of des romans. L'intrigue principale de Wonderland Avenue, le procès (par ailleurs inutile) de la Blonde en Béton, les séances chez le psy du Dernier Coyote, le serial killer fourbe et manipulateur d'Echo Park… On sent que Michael Connelly a pioché ça et là dans plusieurs de ses romans pour construire une intrigue qui tienne la route pendant 10 épisodes. Le souci, c'est que l'on s'ennuie souvent, et que jamais on ne ressent la moindre urgence à l'écran. Avec les moyens d'Amazon, Eric Overmeyer se devait d'atteindre l'excellence des programmes de HBO, Showtime et AMC. Regarder cette série lisse et aseptisée après avoir vu Southland, c'est en quelque sorte revenir 20 ans en arrière, à l'époque des séries policières de network qui ne montraient pas la réalité des crimes urbains. Il faut dire que la musique d'ascenseur n'arrange pas les choses, que la photo est trop propre pour une ville cradingue comme L.A., et puis que dire de ces flashbacks complètement ridicules sur l'enfance de Harry ? Plus guimauve, tu meurs !
Comme je le disais en préambule, il ne s'agit pas d'une mauvaise série en soi. Si vous aimez les cop shows traditionnels, les 10 épisodes passeront sans difficulté, surtout qu'ils sont en général assez courts (de 42 à 44 minutes en moyenne). Mais par contre, si vous avez lu tous les romans de Connelly et que vous vous êtes attaché à ce personnage singulier qu'est Harry Bosch, je peux vous assurer que vous n'allez pas le reconnaître.