Des fois je me dis que je n'aurais jamais dû m'accoutumer à ces mini-séries empoignantes, qu'annuler tous mes abonnements serait sans doute la meilleure des réponses aux cris désespérés et joints de mon cœur et de ma tête, qui réclament toujours davantage d'émotions, de chevrotements et de pincements, non trop serrément douloureux cependant. Mais que faire ? J'en ai besoin, de cet intérêt dévorant, de cette dose de passion et de soulagement.
Il m'aura fallu plus de deux ans pour terminer Heartless City, en ce que j'avais vu le premier épisode dès sa sortie mais qu'un motif déjà oublié avait reculé le drama dans les fins fonds de mon esprit. Je l'ai repris récemment, sur conseil et par nécessité. La diffusion de Falling for Innocence approchait et je savais que les deux rôles principaux masculins étaient tenus par des acteurs déjà présents dans Heartless City ; je ne voulais pas manquer une quelconque référence dans le drama à venir, je me suis donc empressée de visionner celui de 2013.
Voici pour information le résumé que j'avais fourni à d'autres sites à propos de ce drama : « Jung Shi-Hyun, plus connu sous le nom de « Doctor's Son », est un trafiquant de drogue à l'ambition formidable. Il conspire contre Scale, l'homme au sommet de la pyramide, afin de le désister et de prendre sa place. Mais Scale est activement recherché — pour le meurtre d'un policier infiltré — par une unité d'investigation spéciale, laquelle est dirigée par Ji Hyeong-Min, un agent d'une grande intégrité. Shi-Hyun devient l'une des cibles prioritaires des enquêteurs. »
L'histoire est sombre, violente (maudissons le flou sur les armes blanches), alambiquée, parfois invraisemblable, voire illogique, mais il y a ces personnages trop parfaits pour renâcler à s'y plonger entièrement. Le protagoniste est l'un de ces anti-héros à la fois menaçants et désirables, si olympien que Prométhée lui-même n'oserait jamais voler son cartel. À la fois « Doctor's Son », « Doctor », « Doc », Jung Shi-Hyun, ou simplement Shi-Hyun, ce personnage est l'instigateur (in)volontaire de la mort, physique ou symbolique, de tous les autres. Il rayonne d'une lueur morose dans un univers dont il est le prisonnier. Mais plus que son individualité, ce sont les relations qu'il entretient avec les autres qui empreignent Heartless City d'une mélancolie perçante.
C'est ici qu'entre en scène Lee Jin-Sook, le personnage féminin principal (selon moi), la dame aux talons aiguilles et aux robes outrageusement délicieuses. Elle est une figure complexe, à la fois mère, sœur, amie, presque amante, pour Shi-Hyun. Elle ne vit que pour cet homme qu'elle a élevé à la place d'une autre, qu'elle a séduit quand il n'était encore qu'un enfant ; toutefois, jamais son idolâtrie patente pour Shi-Hyun ne lui sera rendue de façon égale.
Opposé à Jin-Sook, il y a Kim Hyun-Soo, le bras droit de Shi-Hyun. Caractérisé par son penchant pour l'alcool, les injures et les combats, il est le personnage le plus honnête de tous, jamais menteur malgré ses erreurs. Son ultime apparence est baignée par une rare tristesse, alors que les mots du grand méchant de l'histoire confirment qu'il est celui que Shi-Hyun aimait véritablement (comme un frère). « Soo-ya, Soo-ya, Soo-ya, Soo-ya » ... Combien de fois son nom a-t-il été prononcé par Doc' ?
La dynamique de ce trio (Jin-Sook / Shi-Hyun / Hyun-Soo) éclipse commodément les travers d'un scénario quelquefois rocambolesque. Mais comment s'en insurger ? Il est impossible de ne pas les aimer tous les trois, eux qui survivent dans leur microcosme indéfectible.
Je passe sous silence les autres personnages secondaires, tous très bons, notamment Safari, pour m'attarder finalement sur celui de Soo-Min, annoncé comme l'une des têtes d'affiche. J'essaie toujours, et avec beaucoup de fausse sincérité, de comprendre l'intérêt de son rôle dans Heartless City. Après une simple seconde de réflexion, il m'apparaît que sa non-présence n'aurait absolument rien changé à l'histoire (et peut-être le drama s'en serait — encore — mieux porté). Après tout, elle n'était pas la personne que Shi-Hyun aimait... son rôle perd alors toute utilité. C'est comme si les scénaristes se riaient d'elle : « Te voilà créée pour apporter de la romance au drama, mais finalement tu n'es pas la personne qui tient une place si privilégiée dans le cœur du héros haha ! » Je ris jaune de mon côté car les scènes avec Soo-Min sont relativement nombreuses, sans qu'elles ne servent directement l'avancée de l'histoire ou les autres personnages. Soo-Min est comme un intrus ici, un intrus qu'il est facile d'ignorer.
Je tais délibérément les sursauts de l'histoire afin de préserver un semblant de suspense (il y a de toute façon bien trop de révélations et rebondissements pour pouvoir tous les relever et les détailler) mais profite de ces dernières lignes pour exprimer un simple regret : que j'aurais aimé voir davantage de flash-back sur la rencontre et le début de l'amitié entre Shi-Hyun et Soo !