Reprenant le roman de Nick Hornby mais en changeant le protagoniste (une femme noire queer plutôt qu'un homme blanc hétéro), la série High Fidelity se livre à un intéressant et accrocheur commentaire de la vie urbaine aujourd'hui.
A travers les questionnements de Rob (affectifs, pro, perso...), High Fidelity dégage rapidement une chronique du spleen urbain actuel. Les errances de l'héroïne à travers Brooklyn, à la recherche d'un client, d'un ex, d'une bonne affaire, sont autant d'instantanés saisissants d'un monde tiraillé entre mutations fulgurantes et marasme. En cela, High Fidelity reprend les leçons de Girls et d'Insecure, chroniques contemporaines de la vie de jeunes gens dans un monde qui peine à entendre leur voix.
Le choix de la fille de Lenny Kravitz n'est pas anodin pour jouer cette disquaire fan de rock et de pop (surtout indé). Le personnage sert certes de commentaire sur des thèmes actuels (sexisme, racisme, classe moyenne embourbée dans une économie défavorable), mais c'est par le 4e mur qu'High Fidelity se montre brillante. L'héroïne révèle pas mal sur elle-même, mais ce qu'elle ne dit pas ou ne montre pas est tout aussi capital pour la comprendre. Sans atteindre les cimes de Journal Intime d'une call-girl, sommet de série à narrateur "semi-fiable", High Fidelity est bien un bijou indépendant, qui sait en dire beaucoup avec peu.