Saison 1 : 8/10
Moi qui ai tendance à critiquer des films et des séries souvent old school plutôt que les sorties ciné de la semaine ou les dernières nouveautés télé, avec "Hightown" je trouve une belle occasion de jouer pleinement mon rôle d'éclaireur.
Voilà en effet une série toute récente, très peu vue (28 notes à ce jour) et critiquée (une seule critique - assassine - avant la mienne), affublée d'une moyenne décourageante (5,8), que je vais pourtant me charger de vous recommander chaudement, histoire de réparer cette double injustice.
Alors certes, cette série policière n'est pas follement originale, puisqu'il s'agit de suivre une enquête sur un trafic de drogue, bien ficelée et peu avare en rebondissements, mais que certains considèrent visiblement comme un simple cop show de plus.
En fait, l'intérêt est ailleurs : d'abord au niveau du cadre, puisque "Hightown" nous plonge dans le décor paradisiaque de Provincetown, petit port de pêche à l'extrémité du Cape Cod dans le Massachusetts, à proximité de Hyannis Port (le fief estival du clan Kennedy).
Destination touristique très prisée, dont la population est multipliée par 20 durant l'été, P-Town présente en outre la particularité d'accueillir une importante communauté gay, au point de compter la plus grande concentration de couples homosexuels aux États-Unis.
Notre héroïne Jackie Quinones ne fait pas exception à la règle, jeune fliquette métisse au Service Fédéral des Pêches (un genre de police municipale maritime), mais surtout lesbienne fêtarde aux comportements addictifs (sexe, drogue et alcool).
Ainsi, "Hightown" a le grand mérite de s'éloigner du ton consensuel propre à certains cop shows américains, la série allant à l'encontre de la mentalité puritaine habituelle.
Durant ces 8 épisodes d'une heure, vous serez ainsi confrontés à des scènes de sexe, de strip-tease, quelques passages bien gore, de la drogue en quantité industrielle, des dialogues salés, sans oublier un gode-ceinture, et même un pénis en gros plan... Sans que cet arsenal provocant n'apparaisse gratuit ou amené de manière maladroite, dans l'idée de choquer pour choquer.
La série produite par Rebecca Cutter dégage au contraire une belle authenticité, présentant le microcosme de P-Town tel qu'il est, au point que "Hightown" se permet même un dénouement ouvert et immoral, très éloigné du happy end et du formatage habituels.
Cette justesse de ton est permise par une interprétation remarquable, fruit d'une distribution de premier plan, emmenée par Monica Raymund, très bonne comédienne hélas cantonnée au séries TV ("Lie to Me", "Chicago Fire") et par James Badge Dale, impressionnant dans son rôle de superflic tête à claques qui couche avec ses indics.
Le casting est complété par quelques révélations, à l'image de la méconnue Riley Voelkel, jolie blonde au visage expressif et au corps de liane, très à l'aise avec une barre de pole dance.
Sans oublier Amaury Nolasco, ancien de "Prison Break", dans un rôle sur mesure de trafiquant sans scrupule.
Certes, "Hightown" ne constitue pas le chef d'œuvre télévisuel de l'année, mais c'est une série policière qui vaut le détour, accrocheuse et bien écrite.
D'ailleurs le public américain ne s'y est pas trompé, avec des audiences très encourageantes (sur la chaîne câblée Starz) qui ont permis la commande d'une deuxième saison. Pour ma part, je retournerais à Cape Cod avec grand plaisir.
Saison 2 : 8/10
Au vu des autres notes et du peu d'écho autour de "Hightown", j'avais fini par me demander si mon enthousiasme pour cette série n'était pas un brin exagéré - surtout que les 2 premiers épisodes de cette saison 2 s'accompagnent d'un léger flottement.
Mais ce deuxième volet se révèle finalement aussi captivant que le précédent : toujours aussi complexes et attachants, les principaux personnages (Ray, Jackie, Renee, Osito, Frankie, Charmaine...) bénéficient d'un développement satisfaisant (même si l'héroïne Jackie peut agacer par ses multiples retours en arrière, son comportement est celui d'une personne victime de ses addictions).
Riche en rebondissements, le scénario parvient à nous tenir en haleine tout au long des 10 épisodes (2 de plus que la saison initiale), sachant que l'intrigue principale apparaît bouclée à l'issue du neuvième, et que l'ultime épisode constitue plutôt une super projection vers la saison 3.
En effet, de nombreux arcs narratifs restent en suspens à l'issue de ce dernier acte, rendant presque incontournable la création d'une troisième saison, que la chaîne Starz n'a pourtant pas encore confirmée.
Si celle-ci voit le jour, je serais évidemment présent, ravi de rejoindre la petite communauté de Cape Cod pour de nouvelles aventures.
Saison 3 : 6/10
"Hightown" dévisse sérieusement durant cette troisième saison, l'intrigue peinant à demeurer crédible (que d'invraisemblances et de facilités narratives!) et accrocheuse (forcément, l'intérêt finit par décliner en proportion).
Heureusement, la série a toujours pu s'appuyer sur des personnages authentiques et attachants, de sorte que l'on suit toujours avec un minimum d'intérêt les parcours heurtés de Jackie, Renée, Ray, Osito, Frankie et les autres, mais le cœur n'y est plus tout à fait, au point que les scénaristes ont opté pour une fin ouverte, laissant des pans entiers du récit sans véritable résolution.
La chaîne Starz ayant décidé d'annuler la série au terme de cette saison, il faudra se contenter de cette conclusion en demi-teinte...