Les Etats-Unis ont crée leur propre ennemi
Quand un soldat américain présumé mort, Adam Brody, est retrouvé, tout le monde le fête en héros et la CIA en profite pour célébrer leur efficacité et leur victoire contre le terrorisme. Tous sauf Carrie Mathisson, persuadée qu’il s’agit d’un traître retourné par l’ennemi. Devant le scepticisme de ses collègues, elle l’espionne malgré tout, en toute illégalité. Elle ne tarde pas à repérer d’étranges comportements, et de fait certains agissements de Brody semblent en effet suspects. Mais a-t-il vraiment été retourné ou s’agit du traumatisme de sa captivité ? Que s’est-il passé là-bas? D’autant que Carrie est atteinte de troubles mentaux qui l’a rendent paranoïaque. Véritablement obsédée par Brody, elle n’est pas tout à fait objective. Bien que le doute soit permis, la série penche toutefois assez nettement sur l’une des théories… A force de l’observer, un étrange sentiment s’empare d’elle. Une sorte d’amour, malgré le mépris qu’elle ressent envers un homme qui a trahit son pays. De son côté Adam a bien du mal à se réadapter à la vie de famille, avec sa femme et ses enfants.
Tandis qu’elle enquête en secret, le CIA tente de mettre la main sur Abu Nazir, dangereux terroriste qui prépare un attentat sur le sol américain. Celui-là même qui a torturé Brody. Ils remontent sa trace en trouvant plusieurs personnes impliquées, qui n’ont pas tous le parfait profil du terroriste fanatique. Pour différentes raisons, parfois à cause des actions des États-Unis à l’étranger, ils veulent leur nuire.
On s’attache sans peine à ces personnages troubles, bons mais faillibles, ainsi qu’à leur histoire d’amour impossible. Autre personnage auquel on s’attache, Saul, partenaire et mentor de Carrie. Il a une attitude protectrice, presque paternelle, envers sa protégée, qu’il tente de défendre parfois contre elle-même. Il désapprouve ainsi son attirance pour Brody. Agent expérimenté, il n’en a pas moins conservé sa conscience, et lorsqu’il apprend la vérité sur l’attaque du drone et la tentative de son patron pour faire taire l’affaire, il ne cache pas son désaccord et s’oppose à lui.
Pleinement centré sur l’actualité et la politique américaine, Homeland s’avère aussi intéressant que prenant. Carrie représente le syndrome post-11 septembre. Coupable d’avoir laissé ce terrible attentat se perpétrer, elle cherche des ennemis partout et est prête à tout pour les confondre, quitte à ne pas respecter la loi et les libertés individuelles. Pourtant, c’est aussi une personne touchante, très gentille envers sa sœur et ses nièces. La vérité n’est pas celle que l’on attend, et remettra en question les agissements des États-Unis à l’étranger, les dommages causées à la population au nom de la lutte contre le terrorisme.
La saison 2 s’avère quelque peu inférieur, en cause entre autre d’un début poussif et d’une structure plus faible. La saison s’améliore ensuite lorsque les rapports changent entre Brody et Carrie, vivant une relation compliquée, et surtout un final explosif (au sens littéral…).
RESUME DE L’INTRIGUE (contient quelques SPOLIERS)
Brody ne se définit pas comme un terroriste. Il ne veut pas attaquer le pays, mais seulement aux dirigeants qui se sont rendus coupable d’atrocités. Il agit ainsi pour mieux respecter les valeurs auxquels il croit et le pays qui les défend. En effet, dans leur volonté d’éliminer Abu Nazir, un drone a été envoyé et des dizaines d’enfants ont trouvés la mort. Les États-Unis ont par cet acte créé leurs propres ennemis. A noter que les drones font l’objet d’un débat trop peu médiatisé : la possibilité de provoquer la mort à distance sans en être affecté. Pour Brody, il reste fidèle à lui-même, mais il ne peut ignorer l’impact que ces actes auraient sur sa famille, ni que sa façon d’agir reste immoral. Il est ainsi partagé entre ses convictions et sa conscience. Dans la saison 2, il est forcé d’aider la CIA à traquer le terroriste, mais cela continue d’affecter sa famille, qui supporte de moins en moins son comportement et ses secrets, et se posent de plus en plus de questions. Une situation de plus en plus intenable.
« Homeland » est une série qui n’est pas faîte pour continuer sur la durée. Il est coutume dans ce genre de séries d’entendre dire qu’elle aurait du s’arrêter à la première saison. Il est vrai qu’en modifiant un peu la fin, la saison 1 aurait suffit et peut-être même que l’histoire aurait été mieux. Mais la saison 2 ne démérite pas malgré ses défauts, et si la série se concentre plus sur les personnages que sur l’aspect politique, c’est avec plaisir que l’on suit ces personnages auxquels on s’est attaché.